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tempérées, les cryptogames sont d’humbles végétaux s’élevant à peine au-dessus de la surface du sol ; dans les chaudes régions des tropiques, d’élégantes fougères arborescentes, plus hautes que des palmiers, semblent proclamer la puissance du soleil qui grandit et ennoblit les formes végétales.

Les relations des monocotylédonés aux dicotylédones ont été déterminées, comme les précédentes, par M. de Humboldt. La proportion des monocotylédonés va en croissant de l’équateur au pôle. Ainsi, dans la zone tropicale, ce rapport est comme 1 est à 6, c’est-à-dire que sur sept plantes on compte une seule monocotylédonée ; il devient 1 à 4 dans la zone tempérée et 1 à 3 dans les régions froides, où le botaniste a chance de ne rencontrer qu’une monocotylédonée sur 4 plantes. Ces lois ne sont vraies que dans leur généralité. Si l’on considère un pays en particulier, elles se trouvent modifiées dans un sens ou dans l’autre. Au Spitzberg, par exemple, je compte 82 phanérogames, savoir : 66 dicotylédones et 16 monocotylédonés ; c’est, comme on voit, le rapport de 1 à 4. Dans l’île Melville, au fond de la baie de Baffin, avec un climat plus vigoureux encore, le rapport est comme 1 à 2, c’est-à-dire du simple au double : il en est de même pour l’Islande, les Faeroë, et, dans l’autre hémisphère, pour les Malouines. Un élément physique, l’humidité, a pour effet d’accroître le nombre relatif de monocotylédonés et de diminuer celui de dicotylédones.

Si nous voulions épuiser ce sujet, nous devrions rechercher dans quelle proportion les différentes familles du règne végétal, telles que les graminées, les légumineuses, les ombellifères, entrent dans l’ensemble de la flore d’un pays, puis nous examinerions la répartition des genres, leur nombre relatif, l’aire qu’ils occupent sur le globe ; mais cette étude exigerait chez le lecteur des connaissances trop spéciales pour être bien communes. Nous passons donc sans transition à l’analyse des agens physiques qui déterminent la distribution des végétaux à la surface du globe.

Rien de plus varié et de plus complexe que l’influence de ces agens physiques, qui s’entr’aident, se modifient ou se détruisent réciproquement. La chaleur obscure n’agit pas comme la chaleur accompagnée de lumière : une chaleur humide produit des effets opposés à ceux de la chaleur sèche. Étudions donc séparément ces divers élémens en commençant par la chaleur.

La végétation de chaque espèce correspond à une section déterminée de l’échelle thermométrique. Au-dessous d’un certain degré de froid, la plante périt ; elle meurt également si le thermomètre dépasse un certain degré de chaleur ; elle ne prospère qu’entre des limites de température parfaitement fixes et invariables. Cette échelle thermométrique est loin d’être la même pour toutes les plantes : le