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la plupart des plantes herbacées de toutes les régions) ; les monocotylédonés, qui ne présentent qu’une feuille primordiale au moment où ils sortent de terre. À cette classe appartiennent les palmiers des régions tropicales, nos plantes bulbeuses, telles que les lis et les tulipes, — les graminées, entr’autres les céréales et les herbes qui forment la base des prairies, — enfin les joncs et les roseaux de nos marais.

Ces classes se subdivisent en familles, formées de la réunion de végétaux analogues par la structure de leur graine, de leur fruit et des différentes parties de leur fleur. La famille des malvacées se compose de toutes les plantes analogues à la mauve, telles que la guimauve, la rose trémière, le cotonnier, etc. Une famille se partage en genres ou réunions d’espèces qui ne diffèrent plus entre elles que par des caractères secondaires d’une moindre importance que ceux qui distinguent les familles. Ainsi, dans l’exemple choisi, les espèces appartenant au genre cotonnier se distinguent de toutes celles du genre mauve par la structure du fruit et celle de la graine. Dans le cotonnier, la graine est entourée de ces poils dont l’industrie humaine tire un si grand parti ; la graine de mauve en est dépourvue. Enfin le genre se composé d’espèces, c’est-à-dire de plantes très semblables entre elles, qu’un œil peu exercé confond souvent sous le même nom, et que le botaniste distingue par des caractères quelquefois minutieux, mais toujours invariables. Une espèce renferme elle-même tous les individus identiques entre eux, ou différant par des nuances qui tiennent au sol, au climat, à la culture, et qui disparaissent dès que ces individus sont placés dans des circonstances différentes et soumis à des influences contraires.

Qu’on veuille bien me pardonner ces définitions un peu arides, mais indispensables pour l’intelligence de cette étude. Si je n’ai pas su me faire comprendre, une comparaison viendra tout éclaircir. Le règne végétal, c’est une armée : les embranchemens sont les différens corps qui la composent ; les classes sont l’infanterie, la cavalerie, l’artillerie, le génie ; les familles sont les régimens ; les genres, les bataillons ; les espèces, les compagnies composées d’individus tous semblables entre eux par la taille, l’uniforme et l’armement.

Nous avons dit qu’en 1844 on connaissait 95,000 espèces ; sur ce nombre, 80,000 sont phanérogames ou cotylédonées, 15,000 cryptogames ou acotylédonées. Parmi les cotylédonées, 65,000 appartiennent aux dicotylédones, 15,000 aux monocotylédonés. Tel est le budget de la flore terrestre ; mais la proportion numérique des espèces, appartenant à ces grandes divisions du règne végétal, varie suivant les différentes zones du globe. À mesure qu’on s’avance vers le nord, le nombre des cryptogames augmente ; celui des phanérogames croît en marchant vers l’équateur. Dans les zones froides ou