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naître le jeu de quelques organes, on les étudiait avec plus de soin ; on cherchait à en pénétrer la structure intime. L’anatomie végétale, fille de Grew et de Malpighi, éclairait la physiologie, et formait avec elle une branche distincte de la science des végétaux considérés comme des êtres organisés et vivans. Tous les bons esprits furent frappés des relations intimes de cette branche avec la physiologie animale, et entrevirent les applications prochaines que l’agriculture rationnelle pouvait en attendre.

Pendant que la botanique se développait, les autres sciences ne restaient pas stationnaires. D’intrépides voyageurs, parcourant les parties du globe les moins explorées, agrandissaient le domaine de la géographie physique, et notre continent lui-même était soumis à un examen plus détaillé. Les météorologistes apprenaient à caractériser les divers climats ; ils notaient les extrêmes de chaleur et de froid, la direction des vents régnans et la distribution des pluies dans les quatre saisons de l’année. Les géologues dressaient des cartes sur lesquelles chaque terrain est teinté d’une couleur spéciale. Les agriculteurs distinguaient les différentes espèces de sols. On déterminait la hauteur des montagnes, la puissance des massifs, la longueur et l’orientation des chaînes, l’étendue et l’inclinaison des plateaux ; on calculait le décroissement de la température de l’air, qui se refroidit à mesure qu’on s’élève au-dessus du niveau des mers. De la combinaison de ces quatre sciences, la botanique, la météorologie, la physique du globe et la géologie, naquit une science nouvelle, la géographie botanique.

Les anciens se bornaient à constater que telle espèce se trouve à la fois dans différens pays, que telle autre n’existe que dans une localité restreinte. La géographie botanique étudie les lois de la distribution des végétaux à la surface du globe : elle se demande pourquoi certaines espèces sont cosmopolites, tandis que d’autres semblent irrévocablement confinées dans un espace limité ; elle cherche quelles sont les causes dépendantes de l’atmosphère, de la hauteur au-dessus des mers, de leur voisinage ou de leur éloignement, de la constitution physique ou chimique du sol, qui impriment à la végétation de chaque contrée un caractère spécial et indélébile. Abordant les problèmes les plus élevés de l’histoire naturelle, elle établit les relations de la flore actuelle de notre planète avec les flores éteintes des diverses époques géologiques ; elle cherche à deviner le plan de la création et à reconnaître si les innombrables individus d’une même espèce dérivent originairement d’un seul individu né sur un seul point du globe, ou bien s’il existe pour une même espèce plusieurs centres de création d’où chaque plante a rayonné en se propageant jusqu’à ce que des circonstances incompatibles avec son existence aient mis un terme à ses migrations. Ces aperçus suffiront, je l’es-