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lord Stanley, l’attaque porta non-seulement sur les affaires de Grèce, mais sur toute la politique extérieure de lord Palmerston, sur l’esprit auquel il se livrait, sur les procédés qu’il employait, et elle aboutit à un blâme formel, voté, dans la chambre haute la plus nombreuse qui se fût depuis longtemps réunie, par 169 suffrages contre 132. Á un tel échec il fallait une réparation éclatante. L’un des plus éloquens radicaux, M. Roebuck, se chargea de la demander à la chambre des communes. Après avoir passé en revue l’histoire du temps et tous les grands actes diplomatiques de lord Palmerston, il proposa à la chambre de déclarer que « les principes d’après lesquels avait été conduite la politique extérieure du gouvernement de sa majesté étaient bien conçus et propres à maintenir l’honneur et la dignité du pays, aussi bien que la paix entre l’Angleterre et les diverses nations du monde, dans des temps d’une difficulté sans exemple. » C’était beaucoup plus que n’exigeait la question de Grèce ; c’était l’approbation générale et systématique de toute la politique extérieure de lord Palmerston, et non-seulement des actes, mais des principes. Vers la fin du débat, sir Robert Peel, prenant la parole au milieu d’une vive attente, se récria contre une telle prétention. Après avoir rappelé que, depuis l’avènement du cabinet whig, il l’avait constamment soutenu dans son administration au dedans, et souvent dans ses embarras au dehors : « On répète, dit-il, qu’après quatre ans de patiente tolérance je me mets aujourd’hui en avant, de concert avec d’autres, pour condamner la conduite du gouvernement. Je n’ai de concert avec personne. Je ne connaissais pas, avant de l’avoir lue dans les journaux, la résolution proposée dans l’autre chambre, pas plus que le noble lord lui-même contre qui elle était dirigée. Je ne suis pas venu ici pour condamner la conduite du gouvernement mais l’honorable membre me demande une approbation positive, et non-seulement cela, mais une déclaration de principes dont l’établissement aurait dix fois plus d’importance que le salut d’aucun ministère… Serait-ce trop exiger de l’honorable membre que de le prier de définir d’abord ces principes auxquels il me demande de souscrire ? Est-ce la non-intervention dans les affaires des autres peuples ? Est-ce un appui positif donné aux réclamations formées contre un gouvernement faible, et dans un langage qu’on ne tient pas envers les forts ?… C’est de 1830 que l’honorable membre fait dater le commencement d’une meilleure ère dans notre politique extérieure, et ce commencement fut, dit-il, la reconnaissance de la maison d’Orléans sur le trône de France ; mais mon noble ami, le comte d’Aberdeen, était alors secrétaire d’état pour les affaires étrangères,… et pourtant on me demande d’approuver la politique du cabinet actuel comme distincte de celle de ses prédécesseurs.