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JEAN-JACQUES ROUSSEAU
SA VIE ET SES OUVRAGES.


XV.

LE CONTRAT SOCIAL.
du pouvoir absolu de l’état et de la souveraineté du peuple.[1]


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I.

Lorsqu’en 1848 je me décidai à faire un cours à la Sorbonne sur les œuvres de Jean-Jacques Rousseau, c’était surtout le Contrat social que je voulais examiner, afin d’attaquer dans son principe la plus funeste erreur de toutes celles qui égaraient à ce moment la société, je veux dire la doctrine du pouvoir absolu de l’état et l’anéantissement des droits de la conscience individuelle. Jean-Jacques Rousseau passe pour le docteur et pour l’apôtre de la démocratie ; mais ce n’est point l’apothéose de la démocratie que je crains dans Rousseau. Il passe aussi pour l’homme révolutionnaire par excellence[2] ; mais ce n’est pas l’homme révolutionnaire non plus que je répudie en lui. Ce qu’en 1848 je voulais attaquer, ce n’était ni le docteur de la démocratie ni l’homme révolutionnaire ; c’était la théorie du pouvoir absolu de l’état, théorie fatale qui s’accommode de tous les principes, du droit

  1. Voyez cette série dans les livraisons du 1er  janvier, 15 février, 1er  mai, 1er  août, 15 novembre 1852, 15 juin, 15 septembre, 1er  décembre 1853, 1er  août, 15 septembre, 15 décembre 1854, 15 juillet, 15 novembre 1855, 15 avril 1856.
  2. Voyez le rapport sur la police générale par Saint-Just, 15 avril 1794. Saint-Just décerne à Rousseau le titre de l’homme révolutionnaire (Histoire parlementaire de la Révolution, t. XXXII, p. 309).