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REVUE DES DEUX MONDES.

Coahuila et de Nuevo-Leon. M. Comonfort, occupé à cette époque à réduire l’insurrection de M. Haro y Tamariz, était hors d’état de combattre deux ennemis à la fois. Après la défaite de l’insurrection de Puebla, il a fallu se tourner du côté du nord, et alors a éclaté ce nouveau conflit. Le congrès fédéral de Mexico a réprouvé et annulé la réunion de Nuevo-Leon et de Coahuila. Le président a sommé Vidaurri d’exécuter les ordres du congrès et de remettre à un autre chef le gouvernement de l’un des deux états. Vidaurri à son tour, invoquant la présidence nominale du général Alvarez et se ralliant à l’ancien plan d’Ayutla, a levé le drapeau de la résistance ; il appelle, dit-on, à son aide les Texiens, qui pourront concourir à la formation de la république de la Sierra-Madre. Comme on voit, c’est un épisode de cette décomposition d’un empire. Lutte avec l’église à la suite de la vente des biens du clergé, lutte avec les velléités d’indépendance du nord, lutte avec tous les élémens dissolvans, politique puérilement agitatrice d’un congrès tout imbu de passions révolutionnaires, telle est la situation du Mexique. Que M. Comonfort triomphe de Vidaurri, le mal ne sera pas moins grand ; il renaîtra sous une autre forme et sur d’autres points, car c’est la maladie profonde et invétérée d’une race.

Ch. de Mazade.


GUERRE DE CRIMÉE.

À M. LE DIRECTEUR DE LA REVUE DES DEUX MONDES.


Monsieur,

Permettez que je fasse appel à votre impartialité pour réclamer, non contre la Revue des Deux Mondes, mais contre une publication russe à laquelle la Revue a emprunté des extraits[1] où l’on me fait jouer un rôle, où l’on m’attribue un langage et des façons que je ne saurais accepter. Je veux parler du Journal de l’employé Jakovlef pendant sa captivité chez les Français et les Turcs, récit que je ne connais encore que par les citations que la Revue en a faites.

Chargé par la confiance du maréchal de Saint-Arnaud, avec qui j’avais eu l’honneur de servir en Afrique, alors que j’étais capitaine de la légion étrangère, de la difficile et délicate mission d’organiser et de diriger le service des renseignemens militaires, c’est bien moi en effet qui ai interrogé Jakovlef, lorsqu’il fut amené devant moi le lendemain de la bataille de l’Alma ; mais c’est presque la seule circonstance que je reconnaisse pour

  1. Dans sa livraison du 15 août dernier.