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IV.

Aujourd’hui que l’on possède un moyen assuré, généralement économique, de combattre la maladie de la vigne dès qu’elle commence à se manifester, et qu’on peut l’entraver dans sa marche, doit-on s’en tenir à ce moyen, le seul qu’une pratique suffisante ait sanctionné? — Les raisins attaqués par l’oïdium communiquent-ils au vin des propriétés délétères? — Le soufre adhérent au raisin exerce-t-il sur le vin qu’on en tire une influence défavorable à la saveur et aux autres qualités de cette boisson? — Peut-on enfin subvenir, soit en partie, soit en totalité, au déficit sur les vins et les alcools?

Il est facile aujourd’hui de répondre à ces questions, longuement débattues au sein des assemblées agricoles. Sans doute il y aurait bien peu de chance de succès dans de nouvelles expériences de procédés préconisés à tort, ou dont plusieurs essais en grand semblent avoir démontré l’impuissance; mais quelques autres moyens, après avoir donné de bons résultats, n’ont échoué peut-être que par suite d’insuffisantes précautions. Dans cette dernière catégorie, on doit placer plusieurs composés dont le soufre fait partie intégrante. Suivant les proportions de soufre qu’ils renferment, on les nomme sulfures et polysulfures; le plus riche à cet égard est appelé quintisulfure ou pentasulfure de calcium, parce qu’il contient cinq équivalens de soufre unis avec un équivalent de calcium, tandis que le composé le moins riche en soufre, appelé monosulfure de calcium, ne renferme qu’un seul équivalent de soufre combiné avec un équivalent de calcium. La solution de sulfure de calcium[1] doit

  1. L’emploi du sulfure de calcium a été proposé par M. Grisou, jardinier à Versailles. La préparation en est facile : en mêle ensemble des volumes égaux de fleur de soufre et de chaux éteinte en poudre; ou délaie ce mélange dans huit fois son volume d’eau, puis on le fait bouillir pendant dix minutes en l’agitant, dans une marmite en fonte; le liquide, éclairci par le repos, est décanté; on le conserve dans des bouteilles bien bouchées. Il suffit d’un litre de cette solution étendue de cent litres d’eau pour asperger convenablement les vignes. En augmentant la proportion du soufre jusqu’à mêler à la chaux au moins trois fois son poids de fleur de soufre (ou dans le rapport de 350 à 1,000) et en prolongeant l’ébullition, on obtient le pentasulfure, plus soluble et beaucoup plus chargé de soufre.