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raisin déchiré. Bientôt le contact de l’air sur ces tissus et les sucs extravasés, les altérations qui en sont les conséquences inévitables, frappent d’inertie la végétation en cet endroit : le fruit atrophié brunit, se dessèche et tombe. Des altérations locales analogues se manifestent sur les feuilles : leur limbe flexible se recourbe en divers sens, la coloration devient jaunâtre, brune, et tout développement s’arrête. Les sarmens eux-mêmes, sur les points envahis, vers les extrémités supérieures, qui sont les plus jeunes, présentent d’abord des taches blanchâtres efflorescentes, qui, par degrés, jaunissent, deviennent brunes et rugueuses. L’épiderme atrophié cessant de s’accroître, le rameau envahi est arrêté dans son développement, surtout si les taches sont rapprochées les unes des autres. Des bourgeons nouveaux partent alors de l’aisselle des feuilles, donnant une autre direction à la sève, mais affectant des caractères maladifs dus évidemment au trouble introduit dans la végétation. Les vignes envahies par l’oïdium exhalent une odeur prononcée de champignon ou de moisissure, due à la présence de la mucédinée parasite. La couleur jaunâtre et sombre du feuillage annonce les fâcheux effets produits plus particulièrement sur les parties jeunes de la plante, qui sont douées de la plus forte énergie vitale, car les rudes écorces des portions inférieures des tiges ne laissent guère de prise et n’offrent pas un aliment facile à la cryptogame parasite.


III.

En réunissant tous les faits bien observés jusqu’à ce jour dans les différentes localités et les conditions diverses de la petite comme de la grande culture, le doute ne nous semble plus permis relativement à la nature du mal qui pèse sur les vignobles. En est-il de même des moyens de le combattre? Telle est la question que je vais essayer de résoudre.

Et d’abord je dois dire que toutes les modifications dans les procédés de culture essayés en vue de prévenir le développement de l’affection spéciale n’ont amené aucun résultat utile, et que sur ce point on doit s’en tenir aux procédés ordinaires, taille, ébourgeonnement, fumure, qui favorisent le mieux la végétation et la fructification des vignes. Parmi les méthodes proposées qui ont eu du succès, les unes sont purement expérimentales, les autres sont applicables économiquement, soit dans les serres, soit sur les treilles, soit enfin dans les grands vignobles; toutes concourent à prouver que la cause est externe, et que si elle est enlevée à temps, l’effet maladif cesse.

Au nombre des méthodes expérimentales, on doit compter celle qui consiste à enlever l’efflorescence légère par un simple brossage