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d’Agriculture plusieurs moyens de combattre la maladie, notamment l’agent le plus efficace de tous, la fleur de soufre, employée avec succès d’abord par M. Kyle aux lieux mêmes où la redoutable affection des vignes semblait avoir pris naissance, et administrée plus facilement en France à l’aide d’un simple et ingénieux ustensile proposé par M, Gontier, horticulteur à Montrouge près Paris.

Ce fut seulement en 1851 que la maladie de la vigne prit tout à coup une immense extension et exerça de grands ravages. En même temps qu’elle se répandait en France, elle se manifestait à peu près simultanément en Algérie, en Espagne, en Italie, en Syrie, dans l’Asie-Mineure, pénétrait en Hongrie et en Allemagne. Elle se montrait particulièrement intense sur la vaste étendue des côtes méditerranéennes, et surtout dans certaines parties basses et humides voisines de la mer. Aux environs de Via-Reggio par exemple, les vignes étaient dans un état déplorable. Il semblerait que, parties d’un seul foyer unique formé dans la Grande-Bretagne, les semences (spores ou sporules) d’une ténuité extrême, flottant dans l’atmosphère en nombre indéfinissable avec cette foule de corpuscules légers visibles dans un rayon de soleil, se fussent graduellement répandues, reproduites et multipliées partout où la température et l’humidité à un certain terme amenaient la fructification du champignon parasite. Telle est effectivement l’idée la plus nette que l’on puisse se faire des progrès de l’oïdium, et nous verrons plus loin qu’en arrêtant à point cette effrayante multiplication du petit végétal semé par les vents, on est parvenu à rendre la vigueur et la santé aux vignes envahies.

Sublata causa, tollitur effectus.

Bien que l’année 1851 eût été chaude et sèche, favorable généralement à la végétation de la vigne et à la maturation du fruit, la récolte ne fut abondante que dans les localités où l’oïdium ne s’était pas encore propagé. En Toscane, où, suivant le rapport de M. de Mortemart, le champignon apparaissait sous forme de poussière et de filamens blanchâtres, les deux tiers de la récolte étaient perdus, et dans plusieurs vignobles du Pisan, les raisins étaient même presque entièrement détruits.

En 1852, le mal continua sa marche progressive, et les conséquences économiques de cette perturbation dans la viticulture commencèrent à se montrer dans toute leur gravité. Les vignerons ruinés durent abandonner des terrains devenus improductifs et chercher dans les villes un travail qui pût les nourrir. M. L’archevêque de Montpellier ordonna des prières publiques dans toutes les églises de son diocèse. De toutes parts, en France, en Allemagne, en Italie, des