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LE THÉÂTRE
ET
L’ESPRIT PUBLIC EN FRANCE

1636 — 1856


On s’occupe beaucoup du théâtre ; je trouve même qu’on s’en occupe beaucoup trop. Les livres les plus sérieux, conçus lentement, achevés au prix de veilles nombreuses, obtiennent à grand’peine l’attention de la critique, et les ouvrages les plus futiles, pourvu qu’ils aient été récités sur la scène, ne manquent jamais d’être, sinon discutés, au moins racontés dans la huitaine franche. Prix académiques, encouragemens administratifs, tout est prodigué à la littérature dramatique, et cependant le théâtre n’est pas aujourd’hui la forme la plus prospère de l’imagination française. L’Académie et l’état auront beau faire, il n’est pas en leur pouvoir de susciter des œuvres nouvelles qui répondent au vœu public et contentent les besoins de la pensée contemporaine. Je n’ai pas la prétention de posséder une recette certaine pour opérer ce prodige tant souhaité : l’étude me commande la modestie ; mais il me semble qu’on peut trouver dans le passé des indications précieuses, d’utiles enseignemens sur l’avenir prochain, et je dirai volontiers, sur l’avenir nécessaire de notre littérature dramatique. Malheureusement la connaissance du passé tient bien peu de place dans ce qu’on est convenu d’appeler l’analyse des pièces nouvelles. Quand il s’agit d’un livre d’histoire ou de philosophie, d’un roman ou d’un recueil lyrique,