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SCIENCES

DE LA PLUIE ET DES INONDATIONS



Les heureux citadins de notre. civilisation moderne ne s’occupent guère des phénomènes météorologiques que comme de légers accidens atmosphériques qui n’apportent aux relations de la société que des agrémens ou des contrariétés. Parler de la pluie ou du beau temps signifie en général avoir une de ces conversations que l’on ne soutient que faute de mieux, et qui ne commandent qu’un intérêt des plus secondaires. Avec des précautions convenables, les personnes valétudinaires ou d’une organisation nerveuse savent elles-mêmes se mettre à l’abri des influences de la saison et des troubles exceptionnels de l’air où nous vivons. Il n’en est pas tout à fait de même pour les habitans des campagnes, qui sont mis forcément en relation avec les grandes forces de la nature. Pour l’homme isolé des habitations, le froid et le chaud, le temps sec ou pluvieux, le vent ou le calme, l’orage ou l’air serein sont des circonstances importantes qui agissent énergiquement pour la santé ou pour la maladie.

Mais quand on considère que les nombreuses populations de nos contrées s’alimentent du produit d’un petit nombre de plantes et d’animaux, et que cette production si essentielle dépend uniquement des influences du climat, les études météorologiques reprennent le haut rang qui leur est dû dans l’agriculture comme dans la médecine. Elles entrent par leurs résultats dans le domaine de l’économie politique. Il ne s’agit plus d’une partie de promenade contrariée par le mauvais temps ou d’une averse à éviter, mais bien de l’approvisionnement et de l’alimentation des deux cent cinquante millions d’hommes de notre Europe. En un mot, la question est celle de la subsistance facile ou de la disette, de l’abondance ou de la famine.