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LE
COMTE MOLLIEN

LES FINANCES ET LA GUERRE PENDANT LES PREMIÈRES ANNÉES DE L’EMPIRE.
1802-1808[1]


I. — La guerre recommence. — dispositions financières de l’an XI.

La paix d’Amiens, qui avait excité d’abord tant d’enthousiasme à Londres comme à Paris, avait à peine duré quelques mois, que déjà il était évident que la guerre allait reprendre le cours de ses fureurs. Signée à la fin de mars 1802, elle était rompue en mai 1803. Que déjà la révolution française eût été définitivement acceptée de ses ennemis avec le rang où le génie du premier consul et l’énergie intelligente et courageuse de la nation venaient de la porter, c’eût été trop beau pour la France, trop heureux pour le monde. Il n’entre pas dans les desseins de la Providence que le genre humain ait la carrière médiocrement raboteuse. Certes la période écoulée entre le 14 juillet 1789 et le 18 brumaire avait été laborieuse ; mais il est dans l’ordre que les grands progrès s’achètent par des épreuves plus prolongées et plus dures encore. La révolution française était une ère nouvelle pour tous les peuples, pour ceux-là mêmes dont on avait tourné les armes contre elle. Elle était l’espoir des opprimés et l’appui des faibles ; elle ouvrait au grand nombre des destinées différentes et meilleures. Le chemin, en pareil cas, n’est rendu praticable que par

  1. Voyez la première partie, les Finances d’une monarchie au déclin, dans la Revue du 15 juillet 1856.