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LA LITTÉRATURE
ET LA
VIE MILITAIRE EN RUSSIE

1812. — Le Caucase. — La Crimée.


La guerre de Crimée a eu son écho dans la littérature russe ; des écrivains nationaux se sont attachés à reproduire la vie des multitudes armées auxquelles la Russie avait confié la défense de son territoire. Des souvenirs, des impressions de soldats ont été notés, et ne forment pas la part la moins curieuse de ce contingent littéraire où l’intérêt romanesque le dispute souvent à l’intérêt historique. Il y a quelque profit à interroger ces documens, qui ne flattent ni ne rabaissent systématiquement le soldat russe, et dont les auteurs écrivent sous l’empire d’événemens qu’ils ont vus, retraçant des mœurs dont ils connaissent par expérience les grands et les petits côtés. Un de leurs mérites en effet, qui n’est pas le moins singulier, c’est d’appliquer à l’armée le procédé d’analyse calme et réfléchie que Gogol et d’autres romanciers, ses continuateurs, — M. Tourguenief, M. Grigorovitch, — ont appliqué à la population des villes et des campagnes. En s’occupant des récits russes inspirés par la guerre de Crimée, c’est presque aussi un chapitre de l’histoire littéraire de la Russie qu’on est amené à retracer, surtout si, pour mieux comprendre l’intérêt des récens essais de littérature militaire, on les rapproche des essais fort différens qui les ont précédés. La Russie est surtout une grande puissance par ses armées, et on ne doit pas