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en obligations; ce devrait être là un terme extrême. Cette proportion n’est presque jamais observée aujourd’hui. Le chemin de Lyon à la Méditerranée, pour ne citer qu’un exemple, avec 45 millions de francs en actions, aura bientôt des obligations représentant trois ou quatre fois cette somme, et avec la chance de dépasser peut-être ce chiffre énorme. Une telle application du système de l’emprunt devait favoriser la hausse des actions, puisqu’il restreint le partage des bénéfices en un petit nombre de mains; mais il lègue à l’avenir une cause réelle d’incertitude. On doit le dire pourtant, d’une manière générale, comme les compagnies n’ont jusqu’à présent connu que le succès et comme leur fortune paraît devoir grandir encore, les emprunts ont servi notoirement à fortifier leur situation actuelle.

L’énergique vitalité des exploitations de chemins de fer est attestée d’ailleurs par le chiffre de leurs recettes et par la hausse de leurs titres. Sans examiner en détail les comptes de toutes les compagnies, il suffira de prendre quelques exemples pour donner une idée de l’état des choses. D’abord je rappelle que durant l’exercice 1855 les recettes des chemins de fer français ont produit un total d’environ 269 millions de francs, chiffre qui, d’après les résultats du premier semestre, paraît devoir être dépassé en 1856, malgré les interruptions qu’ont occasionnées les inondations, et malgré l’absence du mouvement extraordinaire provoqué l’année dernière par l’exposition universelle de l’industrie. Le bilan de toutes les grandes compagnies présente un rapport très rassurant, quoique susceptible de le devenir davantage encore, entre les recettes et les dépenses. Ainsi, sur la ligne du Nord, les produits ont monté en 1855 à 47,966,000 fr., déduction faite de l’impôt du dixième payé au trésor, des indemnités, subventions et réductions de toute nature. Les dépenses de l’exploitation ont été de 18,053,000 fr. Quand on a eu prélevé sur l’excédant l’intérêt des actions, celui des obligations, celui des fonds dus à l’état, la part annuelle de l’amortissement du capital et des emprunts, le fonds de dotation à la caisse de retraite, la dépense dite dépense de réfection de la voie, il est resté encore 18 millions à répartir entre deux cent mille actions émises à 400 fr., soit pour chacune un dividende de 45 fr. La compagnie d’Orléans a accusé un total de recettes de toute nature montant en chiffre rond à 57,378,000 fr. et un total de dépenses de 30,951,000 fr., ce qui a laissé 26,426,000 fr. d’excédant du côté des recettes. C’est là le produit net sur lequel, après avoir pris la part annuelle de l’amortissement et une somme de près de 2 millions pour les employés de la compagnie, on a payé aux trois cent mille actions émises à 500 fr. 80 fr. pour l’intérêt et le dividende. On ne nous reprochera pas de citer encore un exemple, celui du chemin de Lyon à la Méditerranée, dont la fortune a été si rapide, mais qui a besoin, pour pouvoir