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LES


CHEMINS DE FER


ET


L’ÈRE DES GRANDES EXPLOITATIONS





I.


Voici déjà quelques années que les chemins de fer sont entrés dans la phase des grandes exploitations, et cependant les questions qu’ils soulèvent semblent bien loin d’être toutes résolues. A mesure que les voies ferrées se multiplient en Europe, à mesure que s’étend la sphère d’action des compagnies, il se crée entre les nations de nouveaux liens qui sont visiblement destinés à réagir sur la politique de chaque état et sur la sociabilité générale. Les conditions mêmes de l’exploitation, le rôle et les devoirs des compagnies, les abus qui peuvent germer et grandir à l’ombre du privilège dont jouissent ces puissantes sociétés, préoccupent à des titres non moins sérieux l’attention publique. On se demande par exemple en France si le régime légal auquel nos chemins de fer sont assujettis satisfait aux exigences de l’intérêt général; on se demande si les compagnies apportent le zèle et l’intelligence nécessaires dans l’emploi de l’immense instrument placé entre leurs mains. En retraçant l’histoire des voies ferrées dans les différens pays du monde[1], nous avions déjà fait pressentir qu’après la période d’invention, après celle des discussions parlementaires et les premiers développemens, l’ère des grandes exploitations s’offrirait à nos regards avec des difficultés inattendues qui ne

  1. Voyez les livraisons des 15 janvier, 15 février et 15 mai 1855.