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REVUE DES DEUX MONDES.

L’intelligence de M. Buchanan n’est point contestée ; mais ses doctrines démocratiques sont très absolues et très décidées. Il va hardiment au but que caressent toutes les ambitions américaines ; il a été favorable à tous les projets d’annexion qui ont pu se produire. Qu’on se souvienne seulement qu’il faisait partie, avec M. Soulé, de cette conférence d’Ostende où quelques ministres de l’Union proclamaient hardiment que leur pays serait fondé, d’après toutes les lois divines et humaines, à s’emparer de File de Cuba, si l’Espagne refusait de céder sa possession à prix d’argent. Au point de vue de la politique extérieure, M. Buchanan représente donc la doctrine de Monroë dans ce qu’elle a de plus marqué, de même que, sous le rapport de la politique intérieure, il représente les intérêts du sud, c’est-à-dire l’esclavage. Beaucoup d’autres candidatures opposées à celle de M. Buchanan se sont produites et ont été adoptées par diverses conventions. En définitive cependant, ces candidatures peuvent se réduire à deux principales, qui répondent aux nuances les plus caractéristiques des partis. Les know-nothing, qui forment, comme on sait, une masse assez considérable aux États-Unis, ont jeté les yeux sur M. Fillmore, ancien vice-président sous l’administration du général Taylor, et homme d’opinions assez modérées. D’un autre côté, le parti républicain pur a choisi pour candidat le colonel Frémont, qui est un des grands propriétaires de l’Union, et qui s’est fait connaître par diverses explorations très hardies dans les Montagnes-Rocheuses et en Californie. Cette division des suffrages ne peut évidemment que favoriser la candidature de M. Buchanan. Depuis quelque temps toutefois, il semble s’opérer un certain travail dans les partis. Les know-nothing du Massachusetts viennent de se détacher de M. Fillmore, et se sont prononcés en faveur du colonel Frémont. On dirait donc que les partis opposés à M. Buchanan sentent le besoin de se réunir et de concentrer leurs votes sur un seul nom. Au fond, dans cette lutte électorale, c’est la question de l’esclavage qui occupe la première place. Non pas que le parti républicain et les know-nothing, qui appuient M. Fillmore ou le colonel Frémont, en combattant la candidature de M. Buchanan, soient des abolitionistes absolus et systématiques, mais ils veulent tracer des limites à l’esclavage et l’empêcher de s’étendre. Au point de vue extérieur, ces partis ont également une politique moins turbulente et moins agressive.

C’est entre ces diverses nuances de l’opinion américaine que va s’agiter le problème de la prochaine élection, problème dont la solution pourra exercer une singulière influence sur les destinées de l’Union.


ch. de mazade.



ESSAIS ET NOTICES.

ASTORGA.

Emmanuel von Astorga, eine Kunstgeschichte, Stuttgart 1856.

Voici une existence qui ne saurait manquer d’intéresser tous ceux qui aiment à retrouver parfois le roman dans l’histoire. À la variété des incidens, à l’air de vaillantise du héros, on croirait presque avoir affaire à quel-