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fait la fortune, dont elle a comblé tous les vœux. L’invention n’est pas grande dans cette histoire ; les scènes qui se rattachent à cette donnée sont quelquefois touchantes, et la pensée est morale autant que simple, puisque cette épingle devient le talisman de celui qui l’a trouvée, le symbole de l’esprit de travail, de la rectitude, de tous les goûts purs et élevés. Que d’hommes et que de pays même pour qui un tel talisman ne serait point de trop, non-seulement dans la vie sociale, mais dans la vie politique !

La clôture de la session législative à La Haye a créé pour le moment en Hollande une sorte de trêve politique au lendemain des modifications ministérielles qui ont récemment ému le pays. Au milieu de telles conjonctures, le discours prononcé par le nouveau ministre de l’intérieur, M. Simons, dans la dernière séance des états-généraux, n’a point laissé d’avoir une certaine importance. En dehors des déclarations relatives à la prospérité des finances publiques, ce discours, dans sa partie politique, a été l’objet de bien des appréciations et de bien des commentaires. Il est évidemment peu explicite sur les points essentiels du système que la dernière crise a fait prévaloir : il indique du moins que, malgré toutes les craintes qui ont fait subitement explosion dans le pays, le cabinet n’a point de desseins contre les libertés dont le peuple hollandais est depuis longtemps en possession. « Le gouvernement, dit le ministre de l’intérieur, désire progresser, non rétrograder dans la voie du développement religieux et politique. » Il reste à savoir quel est le vrai sens de ce mot de progrès employé ici. Le discours de M. Simons a un autre mérite : il dévoile assez clairement, il laisse comprendre une des causes de la dissolution du dernier cabinet. C’est la question de l’enseignement primaire, à ce qu’il semble, qui a été en quelque façon le nœud de cette crise récente. Un projet de loi sur l’instruction primaire avait été présenté, comme on sait ; il avait été étudié dans les chambres, et avait donné lieu à de vives et sérieuses discussions, où divers systèmes s’étaient produits sur le caractère plus ou moins religieux de l’enseignement distribué au nom de l’état. Le nouveau ministre dit que le roi s’est ému des inquiétudes provoquées par ce projet, que le gouvernement désire chercher un moyen de régler cette grave question sans froisser les consciences et sans dévier du principe des écoles mixtes, consacré en Hollande depuis nombre d’années ; mais ici encore on peut se demander quel sera ce moyen merveilleux de concilier les vues très divergentes qui se sont manifestées à cet égard. La solution du problème est ardue après tant de projets conçus et abandonnés, et elle ne devient pas plus facile au milieu de l’émotion des esprits. Le parti modéré hollandais attend qu’on lui présente ce moyen de conciliation, et jusque-là il se tient visiblement dans une attitude de réserve, tandis que les partis plus ardens poursuivent leur guerre contre le nouveau cabinet. Il en résulte que la position du ministère récemment appelé au pouvoir ne cesse point d’être critique, bien que les luttes parlementaires soient pour le moment ajournées. Le cabinet éprouve une difficulté extrême à se compléter ; on n’a pu trouver encore un ministre du culte catholique et un ministre de la marine, ce qui s’explique par la répugnance des hommes politiques à entrer dans la combinaison qui a prévalu. D’un autre côté, le grand défenseur, le patron du cabinet, M. Groen van Prinsterer, promène