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étymologique du mot. Elle ne peut être mère, elle ne peut rien enfanter, et si elle semble produire des bourgeons, des germes, qui deviendront des êtres semblables à elle, c’est que ces germes lui ont été confiés ; c’est qu’elle-même, en naissant, les portait avec elle. Le germe préexiste aux organes dans lesquels il est déposé, au corps sur lequel il se montre, et lui-même provient de l’individu mère primitif. La nourrice n’a point de progéniture propre ; elle ne fait qu’élever une progéniture étrangère et que sa mère lui a laissée par héritage[1]. — On voit que nous sommes ici en pleine doctrine de l’emboîtement des germes. Chez les pucerons, dix ou douze générations agames s’interposent parfois entre les deux générations pourvues d’organes reproducteurs, et nous avons vu qu’un seul insecte sorti d’un œuf produit des milliers de millions d’individus. L’œuf renfermait donc autant de germes emboîtés les uns dans les autres. De cette conclusion, que M. Steenstrup s’est d’ailleurs bien gardé de tirer, à la panspermie de Bonnet, il n’y a vraiment pas grande distance.

M. Steenstrup a cherché à rendre sa pensée plus claire à l’aide d’une comparaison ou même d’une assimilation aussi peu acceptable que la pensée même. Pour lui les nourrices, c’est-à-dire les scolex de méduse, de puceron, de biphore, etc., représentent les neutres d’une colonie d’abeilles, de guêpes, de termites, etc. ; seulement elles sont placées plus bas dans l’échelle des développemens. « Une guêpe femelle, dit-il, isolée et ayant résisté aux rigueurs de l’hiver, construit d’abord quelques loges et pond des œufs, d’où sortent exclusivement des ouvrières. À peine nées, celles-ci se mettent à l’œuvre, élargis sent les gâteaux et multiplient les cellules. La mère pond de nouveau, et cette seconde couvée, soignée par les ouvrières déjà venues, ne se compose encore que de neutres. Il en est de même jusqu’à ce que les travailleurs soient en nombre suffisant. Alors seulement d’un petit nombre d’œufs sortent des mâles et des femelles, qui sont de la part de tous les neutres l’objet des soins les plus tendres. Les mêmes faits se reproduisent, et l’essaim grandit rapidement, chaque couvée d’individus reproducteurs étant précédée par une ou plusieurs couvées d’insectes agames destinés à s’occuper d’elle, à veiller sur les œufs, à récolter la nourriture commune, à donner à manger aux larves…, etc. Ces neutres remplissent donc l’office de nourrices, et l’on peut leur assimiler la méduse hydraire, qui porte et nourrit en elle le germe de la vraie méduse. Seulement ce que l’insecte exécute en vertu d’une volonté déterminée par l’instinct et se

  1. Ces idées sont très nettement exprimées dans les deux ouvrages cités plus haut. Elles le sont peut-être d’une manière plus explicite dans la Réclamation, dont j’ai presque copié les termes.