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l’est-sud-est, et je ne puis mieux le comparer, comme aspect, qu’à l’océan un jour de calme. L’horizon est aussi très limité, de trois à quatre lieues, comme en mer; rien ne vient y briser ni même modifier le cercle parfait dont vous êtes le centre; seulement, au lieu de me promener sur l’arrière d’un vapeur océanique, j’étais à cheval sur un mulet; l’eau était remplacée par un gazon vert formé d’une graminée courte et peu touffue; les troupes de marsouins et de souffleurs y font place à des troupeaux d’antilopes et de cerfs; enfin, comme en pleine mer, on n’y rencontre pas d’oiseaux. »

Sous le 32e degré de latitude, la largeur de ce triste et monotone plateau est d’environ quarante lieues. Après l’avoir traversé, la ligne proposée dépasse la rivière Pecos, et franchit sans difficulté les monts Guadalupe, qui la séparent du Rio-Grande. Depuis ce fleuve jusqu’au point où le Gila se jette dans le Rio-Colorado, la contrée a été explorée par le lieutenant Parke. Entre le Rio-Grande et les eaux du Gila, elle est formée par une série de bassins de peu de profondeur, reliés par des cols faciles à franchir. Comme le plateau du Llano-Estacado, ces grandes dépressions, presque unies, sont entièrement dépourvues d’eau et de bois. Plus loin, la ligne proposée par le lieutenant Parke suit sur toute sa longueur la vallée du Gila, qui coule de l’est à l’ouest sur une distance de soixante-dix lieues, et forme la limite du Nouveau-Mexique et de Sonora jusqu’au point où il se jette dans le Rio-Colorado. Le lieutenant Parke dépeint cette vallée comme une longue plaine douce, bordée de crêtes montagneuses et de collines peu élevées, présentant de grandes facilités pour la construction d’un chemin de fer.

Au-delà du Rio-Colorado, il faut traverser la grande plaine qu’on nomme le désert du Colorado, et franchir la chaîne de la côte par le col de San-Gorgione pour arriver au port de San-Diego. Le petit port de cette ville est trop peu important pour qu’il n’ait pas été nécessaire d’étudier la route qui relie la ligne du 32e degré de latitude à San-Francisco, aujourd’hui devenue la capitale de cette partie du continent américain. Le chemin le plus court serait par le versant occidental de la longue chaîne dont l’arête suit à une faible distance la côte de la Californie sur toute sa longueur; mais on n’a pu encore y déterminer un tracé convenable, et il paraît très difficile de franchir les chaînons transversaux de cette longue ceinture montagneuse. La route actuellement proposée abandonne la côte de l’Océan-Pacifique, dépasse la Chaîne de la Côte et rentre dans le Grand-Bassin : elle en traverse une partie, franchit la chaîne de la Sierra-Nevada au point où elle se noue à la chaîne côtière; elle descend ensuite la vallée du lac Tulaves et de la rivière San-Joaquin, qui se jette dans la baie de San-Francisco. Le lieutenant