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aujourd’hui la seule route des émigrans qui vont en Orégon ou en Californie.

L’intérieur du Grand-Bassin est formé par une succession de chaînes dirigées du nord au sud, de vallées et de plateaux. L’altitude moyenne de la contrée est de 4,000 à 5,000 pieds au-dessus de la mer. Les montagnes et les collines sont couvertes d’herbes, de pins, de cèdres ; mais les vallées sont arides et semées seulement d’artémises. Pourtant, suivant Frémont, le Grand-Bassin ne mérite qu’en peu de parties le nom de désert. Les hivers d’ailleurs y sont doux, il y pleut et neige assez rarement. « En fait, dit-il, il n’y a rien dans le climat de cette région, quoiqu’elle soit élevée, qu’elle soit entourée et traversée de montagnes neigeuses, qui empêche les hommes de s’y établir et d’y trouver les moyens d’y vivre heureusement dans les parties arables. »

Ici s’arrête la partie des voyages de Frémont qu’il est absolument nécessaire de connaître, quand on cherche à se rendre compte des traits généraux de la région occidentale du continent américain. Frémont réussit à les marquer avec une grande netteté ; il établit les véritables caractères de la contrée qu’il nomma le Grand-Bassin, de l’Orégon, de la grande chaîne de la Sierra-Nevada et des vallées californiennes. L’importance de ces résultats, au point de vue de l’établissement du chemin de fer du Pacifique, n’a pas besoin d’être démontrée. La tâche des officiers qui explorèrent, après Frémont, les latitudes qu’il avait parcourues a été rendue singulièrement facile par ses travaux. Aussi verra-t-on que la plupart des dernières expéditions ont été dirigées vers des latitudes plus méridionales, voisines de la limite actuelle du Mexique. C’est l’examen de ces travaux récens que nous voudrions maintenant entreprendre, en n’insistant que sur ceux qui ont pour but spécial de rechercher la meilleure ligne de chemin de fer entre les États-Unis et le Pacifique.


II. — DERNIÈRES EXPÉDITIONS ET ÉTUDES DU CHEMIN DE FER DU PACIFIQUE.

Après les premiers voyages de Frémont, la guerre du Mexique vint pendant quelque temps donner un intérêt particulier à toutes les expéditions faites dans les provinces du sud que les Américains devaient si facilement arracher à leurs faibles voisins. Le major Emory a laissé des notes très précieuses sur une reconnaissance militaire qu’il fit, en 1846 et en 1847, depuis le fort Leavenworth, dans le Missouri, jusqu’à San-Diego, l’un des ports de la Californie, avec l’avant-garde de « l’armée de l’Ouest. » Il se rendit à Santa-Fé, la capitale du Nouveau-Mexique, descendit le Rio-del-Norte, entra dans la vallée du Gila, suivit ce fleuve jusqu’au Rio-Colorado, et