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LE CHEMIN DE FER
DU PACIFIQUE
ET LES EXPÉDITIONS AMÉRICAINES DANS L’OUEST.


L’attention générale des peuples civilisés est aujourd’hui vivement attirée par toutes les entreprises qui ont pour but d’ouvrir au commerce du monde des routes nouvelles et plus rapides. Anglais, Français, Américains, ont exploré à l’envi, depuis vingt ans, l’isthme de Panama et les provinces de l’Amérique centrale. Les tracés de chemins de fer ou de canaux se multiplient ; n’est-on pas à la veille d’entreprendre le percement de l’isthme de Suez, rêve que depuis si longtemps un siècle avait transmis à l’autre, et que le nôtre verra peut-être se transformer en réalité ? Les merveilles de l’industrie moderne ont rempli toutes les imaginations d’une audace si confiante, que les projets les plus gigantesques rencontrent peu de sceptiques ou d’incrédules. La plupart des esprits sont beaucoup plus frappés de la grandeur de telles entreprises et des magnifiques résultats que l’avenir semble leur promettre que des difficultés qui en compliquent l’exécution. Au reste, pour avoir la véritable mesure d’une époque aussi bien que d’un homme, il faut la juger non-seulement sur ce qu’elle a pu accomplir, mais sur ce qu’elle a osé concevoir et espérer. Cette ambition, d’une espèce particulière, qui veut asservir à l’homme les élémens, le temps, l’espace, qui cherche partout et impatiemment de nouvelles conquêtes, qui aspire en quelque sorte à renouveler la face de la terre, est un des traits qui sans doute serviront un jour à caractériser notre siècle. C’est à