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sur la bonne opinion de qui j’ai toujours compté, et dont j’ai eu la bonne fortune d’obtenir à un degré rare l’approbation… Je vous trouve pleins de préventions contre moi à raison de la conduite que j’ai tenue, conduite que je suis peu capable de justifier devant vos seigneuries, mais que je me suis cru obligé de tenir, et que je tiendrais encore demain si j’avais de nouveau à en délibérer. Je suis au service de sa majesté. Je suis lié à sa majesté et aux souverains de ce pays par des liens de reconnaissance dont je n’ai pas besoin de vous parler longtemps. Peut-être est-il vrai, mylords, et certainement il est vrai que, dans une telle situation, je ne dois être d’aucun parti, et qu’aucun parti ne doit compter sur moi. En tout cas, au mois de décembre dernier, je me suis cru tenu, par mon devoir envers ma souveraine, de reprendre mon siège dans ses conseils, et de ne pas refuser mon concours au gouvernement de mon très honorable ami sir Robert Peel, sachant bien qu’il ne pouvait faire autrement que de proposer au parlement une mesure de ce genre, la mesure même sur laquelle vous délibérez… Je vous ai dit les motifs qui m’ont fait agir, mylords ; ils m’ont satisfait moi-même, et je serais très peiné s’il restait à ce sujet quelque blâme dans l’esprit de quelqu’un d’entre vous… Maintenant je ne veux pas ce soir, la dernière fois peut-être où je me hasarderai encore à vous donner un avis, je ne veux pas manquer de vous dire le mien quant au vote que vous avez à émettre dans cette occasion Mylords, considérez un peu, je vous prie, par quelle voie et dans quel état cette mesure arrive devant vous… Elle a été recommandée dans îe discours du trône ; elle a été adoptée par une majorité notable de la chambre des communes… C’est un bill sur lequel les deux autres branches de la législature sont d’accord ; si la chambre des lords le rejette, elle sera seule. Mylords, je vous demande la permission de vous rappeler que plus d’une fois je vous ai dit que vous ne deviez jamais vous mettre dans cette situation… Vous avez une grande influence sur l’opinion publique, vous devez avoir une grande confiance dans vos propres principes ; mais, sans la couronne ou la chambre des communes, vous ne pouvez rien… Que vos seigneuries me permettent de les conduire un pas plus loin et de leur faire voir quelles seront les conséquences immédiates du rejet de ce bill. Un autre cabinet sera, je crois, formé ; mais soit qu’il se forme ou non un autre cabinet, vos seigneuries ne peuvent se flatter de n’avoir pas à délibérer de nouveau sur la même mesure. La rejetterez-vous une seconde fois ? Tiendrez-vous le pays pendant deux ou trois mois encore plongé dans ce débat ? Je sais que le but des nobles lords opposés à ce bill est d’arriver à la dissolution du parlement ; ils désirent que le pays soit appelé à examiner la question, et qu’on voie si la nouvelle chambre des communes agréera ou non la mesure. Mylords, si