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législatif, des droits à l’Importation des grains, et, dans les deux cas, la convocation immédiate du parlement.

« Sir Robert Peel prévoyait que cette suspension, pleinement justifiée par la teneur des rapports qu’il vient d’indiquer, amènerait forcément dans l’intervalle la révision des lois sur les grains.

« Si l’opinion de ses collègues eût été d’accord avec la sienne, sir Robert Peel était prêt à prendre la responsabilité de la suspension de ces droits et de la conséquence nécessaire qu’elle amenait, c’est-à-dire de la révision de toutes les lois qui restreignent l’importation des grains étrangers et des autres moyens d’alimentation, révision entreprise dans le dessein de diminuer graduellement ces restrictions et de les abolir un jour complètement.

« Il était disposé à demander que les lois nouvelles continssent formellement le principe de la réduction graduelle et de la suppression finale des droits à l’importation des grains.

« Sir Robert Peel est prêt à soutenir, comme homme privé, des mesures conformes en général à celles qu’il a conseillées comme ministre.

« Il serait inconvenant, de la part de sir Robert Peel, d’entrer dans des détails sur ces mesures.

« Votre majesté a bien voulu informer sir Robert Peel qu’elle avait l’intention d’inviter lord John Russell à se charger de la formation d’un cabinet.

« Le principe d’après lequel sir Robert Peel avait dessein de conseiller la révision des lois relatives à l’importation des moyens de subsistance est en général d’accord avec celui auquel se réfère lord John Russell dans le dernier paragraphe de sa lettre aux électeurs de la Cité de Londres.

« Sir Robert Peel se proposait de joindre à l’abolition des mesures restrictives dont il s’agit la suppression de certaines charges qui pèsent indûment sur les fonds de terre, et toutes les précautions que, selon les termes de la lettre même de lord John Russell, peuvent suggérer la prudence et les ménagemens les plus scrupuleux.

« Sir Robert Peel soutiendra les mesures fondées sur ce principe général, et emploiera toute l’influence qu’il peut avoir pour en assurer le succès. »


Arrivé à Londres le 10 décembre, lord John Russell, après s’être concerté avec ses amis, se rendit le lendemain auprès de la reine, à Osborne, à peu près décidé à décliner la mission dont elle voulait le charger. Il serait, lui dit-il, dans la chambre des communes en minorité de 90 à 100 voix ; mais la reine mit entre ses mains la lettre de sir Robert Peel : « Ceci change l’état de la question, » dit lord John, et il retourna sur-le-champ à Londres pour informer ses amis de ce nouveau fait et en délibérer avec eux. Des pourparlers s’établirent entre lui et sir Robert. Les whigs demandèrent à connaître avec précision et détail les mesures que Peel eût proposées, s’il fût resté ministre, pour mettre son principe à exécution. Peel répondit qu’il ne croyait pas devoir pousser ainsi jusqu’aux détails ses déclarations préalables. Lord John offrit de rédiger lui-même, d’une façon complète, son propre plan et de le communiquer à sir Robert