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l’exercice 1845-1846, Les faits étaient heureux, le plan simple, l’exposition lucide, précise et grande. Pour l’exercice courant (du 5 avril 1844 au 5 avril 1845), les recettes excédaient les dépenses de 5 000 000 de livres sterling (125 000 000 de francs). Pour l’année suivante, et en faisant dans les divers services de la marine des augmentations considérables, sir Robert Peel promettait un excédant net de 3 409 000 livres sterling (85 225 000 francs).

Comment obtenait-il cet excédant, et qu’en faisait-il ? Il maintenait la taxe sur les revenus, évaluée, pour l’exercice 1845-1846, à 5 200 000 livres sterling (130 000 000 de francs), et il opérait sur le tarif des douanes des abolitions ou des réductions de droits montant en totalité à 3 338 000 liv. sterl. (83 450 000 fr.).

Quatre articles, les sucres, les cotons bruts, les charbons de terre à l’exportation et le verre, entraient à eux seuls dans cette diminution du revenu public pour 2 740 000 liv. sterl. (68 500 000 fr.). Sur 430 articles, les droits à l’importation étaient complètement abolis, ce qui entraînait pour le trésor une perte de 320 000 livres sterling (8 000 000 de fr.). Après toutes ces réductions et quelques autres sur des taxes intérieures, il restait encore, au terme de l’exercice 1845-1846, un excédant de 71 000 liv. sterl. (1 775 000 fr.).

« Je ne me permettrai, dit sir Robert Peel en commençant son exposé, aucune assertion, aucune observation qui se rattache à des vues de parti. Je ne ferai aucune comparaison irritante ; il ne sortira de ma bouche pas une parole qui gêne aucun membre de cette chambre dans l’exercice libre et impartial de son jugement sur des questions si graves. Je toucherai nécessairement à des sujets qui ont été et qui seront encore, je n’en doute pas, l’occasion d’ardens débats ; mais j’ajournerai tout débat : je veux mettre aujourd’hui, sincèrement et sans passion, sous les yeux de la chambre, l’état financier du pays et les plans du gouvernement. » Il dit en finissant : « J’ai accompli la tâche que je m’étais proposée ; j’ai exposé, bien imparfaitement, les vues et les intentions du gouvernement de sa majesté sur la politique financière et commerciale du pays… Quelle que soit la décision de la chambre, nous aurons la consolation de penser que nous n’avons pas recherché la popularité en éludant le maintien de la taxe sur le revenu ; nous n’avons pas cédé non plus à la clameur populaire, car nous avons fait porter les abolitions ou les réductions sur des taxes qui n’avaient donné lieu à aucune agitation. On dira, je le sais, que les principes que j’ai établis pouvaient recevoir une application bien plus étendue, et que j’aurais dû, pour m’y conformer, apporter dans les droits de douane de bien plus fortes réductions ; mais, en établissant de bons principes, nous avons voulu tenir grand compte de l’état actuel de la société : on ne touche pas préci-