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de dire que nous avions caché notre pensée et pris le pays par surprise. C’est pourquoi j’ai fait l’an dernier la déclaration que je rappelle, non en termes vagues et équivoques, mais en indiquant clairement que le résultat probable de notre examen serait une extension du collège de Maynooth et l’accroissement du don qu’il reçoit de l’état… C’est là en effet la proposition que je viens soumettre à la chambre. »

Il en exposa et en discuta sur-le-champ les motifs avec la même franchise ferme qu’il avait mise à l’annoncer, exposant en même temps les divers systèmes d’objections qu’il prévoyait, et les battant d’avance en ruine. « Nous avons, dit-il, à choisir, envers le collège de Maynooth, entre trois lignes de conduite. Nous pouvons continuer ce qu’on a fait jusqu’à ce jour, et maintenir à son taux actuel le don du parlement. Nous pouvons cesser ce don, rompre avec Maynooth tout rapport, et quand nous aurons pourvu au ménagement des intérêts aujourd’hui engagés dans cette affaire, déclarer que nous n’y prendrons plus aucune part. Nous pouvons enfin adopter, dans un esprit amical et généreux, l’établissement fondé pour l’éducation du clergé catholique, accroître le don du parlement, et, sans nous mêler de la doctrine ou de la discipline de l’église catholique, mais en lui donnant un libéral appui, tenter d’améliorer le système d’éducation et d’élever le caractère de l’institution.

« Quant au premier plan, le maintien pur et simple du système et du don actuel, c’est, dans ma profonde conviction, le pire de tous. Nous déclarons que nous dotons une institution nationale, que nous prenons soin de l’éducation des hommes chargés de donner l’instruction spirituelle et les consolations religieuses à des millions d’Irlandais, et en votant 9 000 livres sterling par an, nous donnons précisément ce qu’il faut pour décourager et paralyser les contributions volontaires offertes dans le même dessein. Retirez votre don, et vous verrez le peuple irlandais se charger de pourvoir, par des sacrifices insuffisans peut-être, mais empressés, à l’instruction de ses prêtres… Si c’est une violation de principe que de faire instruire nous-mêmes le clergé catholique, nous sommes coupables de cette violation en donnant 9 000 livres sterling par an, autant que nous pourrons l’être par quelque mesure que je propose à la chambre. Et vous ne vous bornez pas, pour Maynooth, à un don annuel ; ce n’est pas là votre seul lien avec l’établissement ; il y a dans le recueil de nos statuts trois actes du parlement, deux adoptés par la législature d’Irlande avant l’union des royaumes, le troisième voté ici en 1808, qui sanctionnent cette institution et règlent la part d’action que vous y prenez Sera-t-il sage, sera-t-il juste de dire aux catholiques d’Irlande : — Nous sommes liés envers vous, il est vrai, par un im-