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gouvernement anglais, vont promener leur activité et leur dévouement sur la face du monde pour y porter leur foi. Ils ont bien le droit de le faire ; ils ne sont pas le gouvernement de leur pays. Mais ils portent partout où ils pénètrent la foi, la langue, le nom, l’influence de leur pays, et leur gouvernement ; qui le sait, qui recueille le fruit de leur activité, leur gouvernement les suit de ses regards, les soutient, les protège partout où ils pénètrent. En cela, il fait aussi son devoir : à chacun sa tâche ; aux missionnaires libres la propagation de leur foi religieuse, au gouvernement la protection de ses sujets, même missionnaires, partout où ils vont. La France aussi a ses missionnaires ; avant que vous vous en occupassiez, des hommes sincères, courageux, dévoués, des prêtres catholiques, faisaient dans le monde, avec la langue et le nom français, ce que les missionnaires anglais font au nom de leur pays. Ils le faisaient précisément dans les parages qui nous occupent, dans les archipels de l’Océan-Pacifique ; ils travaillaient à conquérir à leur foi l’archipel des îles Gambier, l’archipel des Navigateurs, de la Nouvelle-Zélande et bien d’autres. Pourquoi le gouvernement français ne ferait-il pas pour les missionnaires français catholiques-ce que le gouvernement anglais fait pour les missionnaires anglais protestans ? Pourquoi ne les suivrait-il pas de ses regards, ne les couvrirait-il pas de sa protection… C’est l’histoire, la tradition, la situation naturelle de la France… Parce qu’heureusement la liberté des cultes s’est établie en France, parce que catholiques et protestans vivent en paix sur le même sol, sous la même loi, serait-ce une raison pour que la France délaissât son histoire, ses traditions, la religion de ses pères, pour qu’elle cessât de la protéger dans le monde ? Non, certainement non : la France a reçu chez elle la liberté religieuse ; elle la portera partout. Je ne vois pas pourquoi la France ne ferait pas dans l’Océanie, dans les établissemens français, ce qu’elle fait chez elle-même, sur son ancien territoire. Ce sera difficile, dit-on ; il y aura des embarras, des complications. C’est le métier des gouvernemens de faire des choses difficiles, de suffire aux complications qui se présentent… Nous avons promis et garanti, aux missionnaires anglais qui résident à Taïti, liberté, protection, sécurité, et je n’hésite pas à dire que le gouvernement anglais a pleine confiance dans notre parole ; mais cette parole que nous avons donnée, nous avons à la demander aussi pour nous. Ailleurs qu’à Taïti, dans la Nouvelle-Zélande par exemple, des missionnaires catholiques se sont établis ; un évêque français est à leur tête ; ils sont sous l’autorité anglaise : nous avons besoin qu’ils jouissent là de la même liberté, de la même sécurité que nous garantissons aux missionnaires anglais à Taïti… Partout dans cette Océanie la religion catholique et la religion protestante sont à côté l’une de l’autre ; toutes deux se