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les circonstances qui accompagnaient le mouvement de la vague. On y voit des températures très inégales du nord au midi, on y constate des directions tout à fait indépendantes dans les vents ; mais ce qui doit nous étonner, c’est que, malgré l’immense étendue de l’espace parcouru, malgré toutes les différences des latitudes et des climats, la visite de la vague amena sur les continens ou sur les mers un temps calme et cette bienfaisante influence d’une atmosphère sereine qui concorde avec la grande hauteur du baromètre. Rien ne faisait présager ces affreuses commotions que la mer avait éprouvées en Crimée, et qui avaient motivé l’enquête. Nous allons voir cependant qu’entre cette vague inoffensive et les tempêtes désastreuses, il existe une relation directe, et que ce calme momentané est la suite ou le présage de phénomènes destructeurs.

On a commencé à reconnaître la vague le 12 novembre à midi, au moment où elle planait sur l’Angleterre et la France. Remontons maintenant un peu plus haut : du 10 au 11 novembre, les mêmes points, loin d’être soumis à une pression inhabituellement élevée, éprouvaient un effet contraire ; le baromètre y était bas, plus bas qu’aux autres contrées, et les points où l’affaiblissement de la pression était le plus marqué occupaient sensiblement cette même ligne, qui était au 12 le lieu de la vague. Il y avait donc en ces points une diminution de la hauteur de l’atmosphère* et sa surface supérieure devait y présenter un sillon creux très étendu. Le sillon était à cette date assez peu profond ; on le voit ensuite se mettre en mouvement : le 12 il parvient à la limite de l’Autriche, le 13 il atteint la Mer-Noire, le 14 il s’abat sur la Crimée. À l’origine, cette dépression de l’atmosphère était à peine sensible ; mais en la suivant dans son trajet, on la vit s’aggraver, et à Munich on la trouva considérable ; à Vienne, elle fut plus grande encore ; sur la Mer-Noire, elle avait atteint des proportions énormes. La vague élevée avait donc été précédée d’une dépression, d’une onde creuse qui, lui montrant le chemin, avait traversé l’Europe et atteint la Mer-Noire le 14 novembre. Ces deux ondes, dont la connexion est évidente, nous en font prévoir une troisième qui les suivait pas à pas, et qui devait être aussi une vague creuse ; nous la distinguons en effet, elle couvre la France du 14 au 15, et poursuit celles qui l’ont précédée. En France, nous voyons donc successivement passer, le 11 une dépression, le 12 et le 13 une vague surélevée, du 14 au 15 un nouveau creux, et la succession des mêmes phénomènes se retrouve en Crimée à des dates différentes : le 14, on y subit l’action de la dépression antérieure, au 16 on voit la vague élevée, et probablement au 18 on y verrait passer le creux postérieur, si les documens ne manquaient pas à cette date. C’est maintenant que nous pouvons particulièrement insister sur la comparaison des ondes de l’atmosphère avec celles de la mer, où nous