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Quelques mots suffiront pour faire apprécier l’importance de ces communications, venues de pointe si divers.

Si l’on suppose un observateur fixé en une station invariable sur le globe, étudiant à chaque moment les oscillations du baromètre, il en pourra conclure que la couche atmosphérique répandue au-dessus de sa tête éprouve des variations alternatives. Il arrivera ainsi à la connaissance de faits isolés qui auront pour lui une importance médiocre, et n’en offriront aucune aux habitans des contrées voisines ; Ces oscillations du baromètre se reproduisent cependant dans tous les points du globe, elles n’y sont point le résultat d’accidens locaux, mais bien des manifestations de mouvemens atmosphériques qui s’étendent sur des espaces considérables, et qu’on pourrait étudier dans leur ensemble, si on possédait une série d’observations faites au même moment sur les divers points couverts par la masse d’air dont on veut étudier l’état physique. Ainsi, par la diffusion des observations d’abord, par leur concentration dans des mains uniques qui les coordonnent ensuite, il devient possible de constater l’étendue qu’occupe une grande perturbation de l’océan aérien, de la suivre dans son origine, dans son développement, dans sa translation. Ces observations individuelles, très multipliées, M. Leverrier venait de les recevoir : elles avaient été faîtes toutes à la même époque, et précisément au moment où une grande commotion agitait le continent européen ; elles contenaient évidemment tous les élémens nécessaires pour faire l’histoire de ce bouleversement ; Seulement il fallait les réunir, les coordonner, et ce n’était pas un médiocre travail. M. Leverrier en chargea M. Liais, qui s’est acquitté de cette pénible tâche avec tout le succès désirable.

Le 12 novembre, à l’heure de raidi de Paris, les diverses localités de l’Europe se trouvaient dans des états atmosphériques très-dissemblables ; le baromètre atteignait dans quelques-unes des hauteurs plus grandes que dans toutes les autres et tout à fait exceptionnelles, et ces localités n’étaient pas irrégulièrement distribuées ; on les trouvait au contraire parfaitement alignées, et en les marquant sur la carte, elles présentaient un ensemble de points dessinant une ligné peu sinueuse qui courait du nord au sud. Cette ligne passait sur l’Angleterre, elle en coupait la côte orientale par le 55° degré de latitude, se dirigeait vers le sud, traversait le canal de Bristol et se prolongeait vers la pointe de Cornouailles. À partir de ce point, elle passait sur la Manche, se retrouvait à travers la Bretagne, et, coupant la France diagonalement, sortait par Narbonne pour entrer dans la Méditerranée. Elle ne s’y perdait pas, et on la retrouvait sur la côte algérienne vers le 5° degré de longitude orientale. Sur toute l’immense étendue de cette ligné, le baromètre se soutenait à 770 millimètres, et quand on s’en éloignait vers des localités placées à l’est