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sans y rien ajouter, sans en rien retrancher. Entre cet élan passionné qui se développait dans les divers pays de l’Europe et cette indifférence si souvent blâmée que la météorologie rencontrait en France, il y a un contraste dont les causes sont aisées à saisir. C’est que s’il y a parmi les savans français des personnes qui soutiennent cette science, la croyant digne de leur intérêt, il en est d’autres qui la négligent et la déconseillent, parce qu’ils croient mal dirigées les méthodes qu’elle suit, exagérées les espérances qu’elle a fait concevoir, et trompeuses les applications que l’on tente sur la foi de son autorité.

Quand on ouvre un de ces énormes volumes in-quarto que publie le gouvernement russe, on y voit qu’à un jour déterminé, à midi, il faisait beau à Saint-Pétersbourg, que le vent y venait du nord, qu’il y faisait 10 degrés de froid, que le baromètre y marquait 760 millimètres, etc. Ce détail est répété pour tous les jours de l’année et pour tous les observatoires établis. Certes rien n’est moins intéressant. — Mais, disent les partisans de la météorologie, supposez qu’on ait laissé écouler plusieurs années ou plusieurs siècles, et que ces volumes compulsés par une main patiente soient comparés à ceux que l’on aura publiés aux années suivantes jusqu’à celle où se fera la révision : on acquerra la connaissance des modifications que le globe aura subies, s’il s’est transformé, ou bien l’on saura qu’il est resté invariable, si on ne constate aucune différence progressive entre les époques passées et les temps actuels. Peut-être trouvera-t-on dans cette comparaison la révélation de quelque fait général saillant dont nous préparons aujourd’hui la découverte à nos descendans. Il faut bien que l’on remarque qu’il n’y a jamais d’autre manière de procéder dans les sciences physiques. L’étude matérielle des faits isolés, que l’on résume ensuite, est la seuleméthode que l’on connaisse et que l’on emploie pour découvrir les lois générales, et si l’astronomie a fait quelques progrès, si elle en attend d’autres, elle les doit ou les devra à la récapitulation et à la coordination des études individuelles qui s’accumulent dans les archives des observatoires. À ce raisonnement d’autres personnes répondent que, les mesures étant faites au niveau du sol au milieu de toutes les causes perturbatrices locales, il y a peu de probabilité qu’elles puissent conduire à des notions générales exactes ; que, les observatoires n’ayant pas d’objet bien défini, on ne sait guère les raisons des pratiques aux quelles on s’astreint ; que les espérances vagues de découvertes générales n’ont rien de bien assuré ; que le but est distant ; que si parmi les myriades dénombres que l’on enfouit dans des volumes coûteux quelques-uns peut-être sont destinés à être utilisés, il y en a une immense quantité qui ne serviront jamais, et qu’il n’est pas nécessaire