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alors des rapprochemens et des applications ; on voit les végétaux divers se distribuer sur la surface de la terre, suivant des zones parallèles aux lignes qui tracent l’état calorifique. Une nouvelle science, la géographie botanique, s’appuie sur la météorologie, se développe avec elle, et des conséquences pratiques viennent couronner cette longue étude des températures.


II

C’est maintenant le lieu de résumer les procédés généraux et les besoins de la météorologie. Elle part de ces études isolées et toujours ingrates qui, toujours les mêmes, se reproduisent à chaque heure du jour ; elle les rassemble, les résume j et en conclut les températures moyennes des localités diverses. Bientôt elle imagine de les inscrire sur la carte du monde et d’y dessiner des lignes isothermes. Alors ces innombrables travaux individuels, ces observations, qu’on aurait pu croire puériles, se fondent dans un ensemble régulier. On découvre d’abord une loi consolante, celle de l’invariabilité des climats, — ensuite une connaissance précise de la statique calorifique du globe, — enfin un rapport régulier entre la distribution de la chaleur et celle des végétaux. Si l’on veut savoir ce qu’il en coûte pour établir cette vaste récapitulation j il suffit de dire que l’étude, continuée pendant dix ans, de mille localités seulement a exigé plus de 87 millions de mesures thermométriques. Que sera-ce pour le globe entier ? Mais dans les sciences il n’y a qu’une chose qu’on ne calcule pas, c’est le temps que l’on emploie et la peine que l’on prend. Si la météorologie n’est pas aujourd’hui plus avancée, si les lignes isothermes, imparfaitement tracées, ne sont pour ainsi dire que l’ébauche grossière d’un tableau commencé, c’est que les études isolées qui servent de bases n’ont pas été assez nombreuses. Que de fois, en voulant observer les traces d’un phénomène général, on fut contraint d’ajourner des découvertes soupçonnées ! que de fois on a dû s’arrêter à la limite de certaines contrées, parce que les observations manquaient ! Devant cette absence de documens et la nécessité de les obtenir, on a compris que le seul moyen pour parvenir au but était de couvrir le globe d’un réseau d’observateurs examinant les phénomènes dans des conditions identiques. Alors on a songé à organiser les moyens d’étude sur la plus vaste échelle.

Depuis quelques dizaines d’années, nous avons vu le zèle pour la météorologie s’élever jusqu’à la hauteur d’une passion publique. En Angleterre, les sociétés savantes et les observatoires se sont imposés des sacrifices considérables pour installer des appareils, publier des instructions ou des résultats, solliciter le concours des officiers de