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temps de l’observation la température fût restée invariablement égale à cette moyenne. On substitue au jour réel, dans lequel la température est perpétuellement changeante, un jour fictif, où elle serait toujours constante, et c’est cette température intermédiaire que l’on nomme en météorologie la température moyenne d’un jour. continuant les mêmes études et la même réduction pour toute une année, on trouve des journées d’hiver très froides, des journées d’été très chaudes, séparées par des températures moins excessives : on répète alors pour l’année le même raisonnement que pour un jour. On en calcule la température moyenne, et l’on suppose que l’effet thermique général est équivalent à celui d’une année imaginaire dans laquelle toutes les saisons auraient offert une température uni forme et invariable égale à cette moyenne. Une multitude de mesures se résument ainsi dans un chiffre unique, les détails des observations journalières se concentrent dans un résultat d’ensemble qui les récapitule, et l’état calorifique moyen d’une localité se dégage des nombreuses perturbations qui le dissimulent. On oublie alors les patientes études de chaque jour, on conserve les nombres qui les récapitulent, on les classe, on les discute, on en peut déduire les lois générales de la statique du globe.

Une première conséquence découle de ces observations : quand nous voyons les années qui se succèdent se caractériser par des résultats agricoles très dissemblables, par la fécondité ou la stérilité du sol, par l’abondance des pluies ou la sécheresse de l’air, quand nous récapitulons certaines dates néfastes ou heureuses, nous pouvons nous former deux opinions opposées sur les phénomènes du globe. Il se peut que les différences que l’on remarque entre les années successives soient dues à des inégalités réelles de la quantité de chaleur versée annuellement sur la terre, et dans ce cas elles seront expliquées et démontrées, si l’on reconnaît des inégalités correspondantes entre les moyennes que les météorologistes calculent ; mais il se peut aussi que la chaleur reçue sur un point du globe de meure constante pendant toutes les années, et que la manière dont elle se distribue entre les diverses saisons soit seule différente : dans ce cas, les moyennes de toutes les années devront être invariables. L’expérience seule pouvant décider entre ces deux interprétations des faits, il a fallu consulter les observations exécutées dans un très grand nombre de localités, et l’on put formuler cette loi simple et générale : la température moyenne en un point donné du globe est invariable.

Cette loi, qui résolvait d’une manière si précise la question de la variabilité des climats, en souleva une autre plus importante et plus générale, celle de la distribution de la chaleur sur la terre. On comprend aisément que la température augmente progressivement à