Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 4.djvu/402

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un exemple presque au hasard. On avait souvent remarqué aux sommets des montagnes des traces sinueuses où les roches étaient fondues. Ramond sur le pic du Midi, de Saussure dans les Alpes, de Humboldt en Amérique, s’accordaient dans leurs descriptions et aussi dans leurs explications ; ils attribuaient ces effets de fusion au tonnerre. D’un autre côté, on trouve dans les plaines de la Silésie ou dans les sables de l’Égypte des tubes profondément enfoncés dans le sol, et dont les parois fondues sont composées des mêmes élémens que le terrain qui les entoure réunis et agglutinés par la chaleur. Ces tubes se nomment des fulgurites, et l’opinion commune les attribue à l’action de la foudre. Jusque-là ce sont des effets constatés de causes inconnues et des explications non justifiées ; mais voici qu’un jour M. Hägen de Konisberg voit de sa fenêtre le tonnerre tomber sur un bouleau, il fait fouiller au pied et y découvre un fulurite bien constitué et encore chaud. Voici un second fait : en 1790, dans le parc d’Aylesford, un paysan va chercher sous un arbre un refuge contre l’orage ; le tonnerre tombe sur lui, le foudroie et le laisse dans la position qu’il occupait. On le retrouva quelque temps après, encore appuyé sur son bâton ferré, dont la pointe fichée, dans le sol se continuait par un fulgurite… C’est ainsi que des observations individuelles, nombreuses, faites par plusieurs personnes, sont nécessaires avant qu’on puisse établir une théorie rationnelle des phénomènes météorologiques.

Mais la nécessité de travaux collectifs, exécutés par une société formée d’observateurs ayant un but commun, devient surtout évidente quand il faut étudier un point de la statique météorologique du globe. Je vais prendre un exemple célèbre : il s’agit des températures de l’air et de leur distribution sur la surface du globe.

Il n’est pas nécessaire de recourir à l’emploi d’un thermomètre pour savoir qu’en un point arbitrairement choisi sûr la surface terrestre, la température de l’air varie aux diverses heures de la journée. Faible au moment du lever du soleil, elle augmente généralement jusqu’à deux heures, pour décroître ensuite d’une manière progressive jusqu’au matin suivant, et recommencer périodiquement les mêmes variations diurnes régulières, auxquelles s’ajoutent les complications perturbatrices amenées par l’état du ciel ou les changemens de direction des vents. Si un observateur avait attentivement étudié pendant toute la durée d’un jour l’état du thermomètre et qu’on lui demandât quelle en a été la température, il serait obligé, ou bien de raconter en détail les variations qu’il a mesurées, ou bien d’imaginer une méthode exacte et régulière de les résumer dans un chiffre unique : c’est ce que l’on a réussi à faire. On prend la moyenne des résultats obtenus à chaque heure de la journée, et on admet que l’effet d’ensemble aurait été le même, si pendant tout le