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divers dont l’atmosphère est le théâtre, et la comparaison de ces mouvemens avec les effets des vents et des vapeurs pourra faire découvrir des dépendances encore inconnues.

Ce n’est pas seulement à la chaleur qu’est dévolu le rôle de mettre en jeu les ressorts de la vie minérale sur le globe : l’électricité y exerce une action souvent obscure, toujours fort étrange et quelquefois terrible. Inconnue dans son essence, se développant au moment de l’évaporation des eaux, au milieu des actions végétales et en général pendant tous les mouvemens physiques du globe, elle se répand dans l’air, où elle ne manifeste ordinairement sa présence qu’avec le secours des électromètres les plus délicats. Quelquefois cependant elle s’y accumule, alors elle allume des aigrettes lumineuses sur les pointes des édifices, les épées des soldats ou les sommets des mâts : c’est le feu Saint-Elme. Dans les régions polaires, elle illumine le ciel de lueurs étranges, qui sont les aurores boréales. C’est à l’électricité que Volta attribuait la formation de la grêle ; dans les orages, elle produit le tonnerre en boule et tous ces désastreux effets dont Franklin a si bien deviné la cause et annulé l’action. Les météorologistes ne connaissent pas encore entièrement le rôle de l’électricité dans le monde ; ils doivent l’étudier comme ils étudient tous les autres agens, avec le secours des électromètres qu’ils possèdent. Ils peuvent lancer des cerfs-volans métalliques, des flèches retenues au sol par une chaîne conductrice, ou continuer les expériences de Richmann avec des paratonnerres isolés. Ils le peuvent, et ils le doivent d’autant plus qu’un besoin nouveau s’est fait sentir, celui de préserver de la foudre les télégraphes électriques, qu’elle bouleverse. S’ils se dirigent dans cette voie, ils devront s’entourer de précautions : on ne joue pas impunément avec le l’on nerre, et c’est au milieu d’expériences de ce genre que Richmann fut foudroyé.

Le hasard, dit-on, fit découvrir à un berger de l’antiquité une pierre de nature spéciale qui attire le fer. Longtemps regardée comme un objet de curiosité, cette substance fut ensuite étudiée avec plus de soin. Taillée en aiguille allongée, elle offrit deux pôles d’action ; suspendue par son milieu, elle se dirigea dans une position toujours la même, et qui était à peu près celle du méridien. On en fit alors la boussole. Aussitôt cependant que Christophe Colomb se lança dans l’Océan-Atlantique, il s’aperçut que l’aiguille aimantée n’avait pas une direction constante. Les besoins de la navigation de terminèrent alors des recherches nombreuses. On construisit des appareils magnétiques, on leur donna la précision des instrumens d’astronomie et on les promena sur le globe. Il fut bientôt constaté que la terre était elle-même un aimant, qu’elle avait ses pôles magnétiques ;