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des instrumens de la physique qu’elle perfectionne et les appliquer à l’observation des météores comme les astronomes dirigent leurs lunettes vers le ciel pour en mesurer les mouvemens ; comme eux aussi, elle va étudier les causes. Quel est donc l’agent de ces déplacemens continuels de l’air et de ces effets perpétuellement renouvelés de la vapeur d’eau ? Il n’est pas difficile de le deviner, cet agent, sinon exclusif, au moins principal, est la chaleur qui nous vient du soleil. Inégalement distribuée sur le globe et versée successivement sur les diverses contrées, elle détruit perpétuellement un équilibre qui s’établirait sans son action. Il faut donc étudier l’état calorifique de l’atmosphère, non-seulement parce qu’en lui-même il constitue un des élémens de la vie du globe, mais encore parce qu’il est la cause des phénomènes qui s’y produisent, et qu’une science ne peut se proposer d’autre but que la recherche des relations qui s’établissent entre les causes et les effets. L’instrument qui servira à cette étude est tout prêt, c’est le thermomètre ; mais on se tromperait étrangement si l’on pensait que l’emploi de cet instrument, qui paraît facile, n’exige pas de précautions. Aucun appareil ne serait plus illusoire, aucun moyen d’observation plus inutile que le thermomètre et ses indications, si l’on ne s’imposait des règles rationnelles en le consultant : c’est ce que les réflexions suivantes justifieront bientôt.

Les rayons solaires arrivent aux limites supérieures de l’atmosphère terrestre avec une puissance calorifique considérable, qui ne s’est point affaiblie par leur trajet au travers des espaces célestes ; mais au moment où, continuant leur route, ils s’enfoncent dans les couches gazeuses dont la terre est entourée, ils en subissent l’action absorbante, se dépouillent progressivement, et n’arrivent au sol qu’a près avoir perdu une portion notable de leur intensité primitive. L’air recueille ce qu’ils abandonnent, et pendant que le rayonnement solaire s’affaiblit, la température de l’air s’élève. Ces deux phénomènes complémentaires, qu’il est important de distinguer, surprennent ordinairement les voyageurs au moment même où ils atteignent aux sommets les plus élevés des montagnes. Placés sur la neige, au milieu d’une atmosphère qui les glace, ils reçoivent l’action directe d’un soleil qui ne s’est point affaibli et qui les brûle ; ils se trouvent ainsi dans une situation comparable à celle d’un homme qui s’approcherait d’un grand feu allumé l’hiver au milieu de la campagne. S’il faut distinguer, dans la théorie, entre l’intensité directe du soleil et le degré d’échauffement de l’air, il n’est pas moins nécessaire de séparer ces effets au moment où l’on observe le thermomètre. Veut-on mesurer la température de l’atmosphère, il faut placer l’instrument à l’ombre, loin de tout rayonnement ; a-t-on au contraire le désir de connaître l’action calorifique directe du soleil, on opérera tout