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à l’avance l’état du ciel. Les sciences occultes devaient trouver nécessairement dans ce besoin un aliment sans pouvoir toutefois lui donner satisfaction, et leur influence n’est pas tellement détruite, qu’on ne voie encore les paysans consulter, avec un reste de crédulité, les prédictions du double almanach de Liège. Quand la physique générale commença à s’établir, elle attaqua avec persévérance l’étude des météores ; elle ne songea pas un seul instant à les prédire longtemps à l’avance, mais elle essaya de les expliquer, et comme elle avait commencé par étudier les propriétés des gaz et des vapeurs, elle put toujours comprendre dans son ensemble, et quelquefois même découvrir jusque dans ses détails intimes, le mécanisme des phénomènes qui résultent de l’action simultanée des gaz et des vapeurs.

Ce fut un grand pas ; mais la physique rendit un autre service encore, et un plus mémorable : elle donna à la météorologie des instrument de mesure ; c’était le seul moyen de la constituer comme science, en lui permettant d’exécuter dans tous les lieux des observations précises, et qu’on pouvait ensuite comparer entre elles. Disons quelques mots de ces instrumens, de leur but et de l’emploi judicieux que l’on en fait aujourd’hui.

Le premier qui se présente à nous appartient spécialement à la météorologie, il en est le fondement essentiel, car il satisfait au premier de ses besoins : celui de mesurer la pression atmosphérique. L’air est pesant, comme tout le monde peut le vérifier en plaçant sur le plateau d’une balance un vase successivement vide et plein d’air. Dès-lors les couches atmosphériques, attirées par la masse terrestre, doivent exercer sur nous une pression, comme l’eau comprime les poissons qu’elle contient, avec un degré de puissance qui augmente ou diminue quand l’épaisseur de ces couches croît ou décroît au-dessus de nos têtes. Un hasard heureux inspira à Toricelli l’idée de mesurer cette pression par la hauteur de mercure qu’elle peut soulever dans un tube vide, et le baromètre fut inventé ; dès-lors, par un procédé aussi simple qu’il est précis, on put, dans tous les lieux du monde, mesurer et comparer les changemens de poids qui surviennent dans les couches d’air, au moment même où ils ont lieu. À peine inventé, cet instrument offrit une qualité inattendue : il se trouva que le baromètre baissait par les temps de pluie et mon tait quand le ciel était serein. Deluc, se pressant un peu trop d’expliquer une propriété imprévue, justifia ou crut justifier cette singulière coïncidence, et l’on eut un appareil que chacun consulta, et qui fut utile à chacun. Il est bien vrai que, comme indicateur de la pluie, le baromètre n’a pas auprès des savans la même réputation d’infaillibilité qu’aux yeux des gens du monde, et que la théorie de Deluc