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et s’en remettre à l’intérêt particulier du soin d’augmenter la production, c’était aussi un utile projet. Le gouvernement voulut tenter cette épreuve, et il fit bien.

Son premier pas dans cette voie nouvelle fut le traité, par lequel il concéda à la compagnie austro-française les chemins de fer de l’état en Hongrie et en Bohême, des mines, usines et domaines si tués en Bohême, en Hongrie, et principalement dans le Bannat[1]. L’étendue de la ligne de Bohême, de Brunen à Prague et à Bodenbach, est de 480 kilomètres ; celle de Hongrie, s’embranchant, ainsi que la première, sur les chemins de la compagnie du Nord et allant à Pesth et à Szeggedin, a 449 kilomètres. Ces deux lignes ont été livrées pourvues de tout le matériel d’exploitation. Dans le parcours de la première, les terrassemens étaient prêts pour recevoir une seconde voie. Le gouvernement impérial s’est de plus engagé à livrer à la compagnie la ligne de Szeggedin à Temesvar, d’une longueur de 113 kilomètres, construite à ses frais, pourvue de tous les bâtimens accessoires, avec les rails posés sur une voie, et il l’a autorisée à pour suivre cette ligne jusqu’à l’extrémité de l’empire et au bord du Danube, c’est-à-dire à Bazias. Le réseau entier comprendra 1,100 kilomètres. Depuis lors, la compagnie austro-française a acheté la ligne de Vienne à Raab, sur la rive droite du Danube, et elle s’est ainsi donné une entrée dans Vienne. La concession de ces deux lignes a été faite à la compagnie moyennant 170 millions de francs payables en trois ans sans intérêt. Elle a enfin acquis, au prix de 30 millions de francs, des domaines dont l’étendue superficielle comprend 90,000 hectares de forêts et 30,000 hectares de terres labourables ou pâturages, des établissemens métallurgiques, et des mines de houille, de cuivre et d’argent. L’état a garanti un intérêt de 5 2/10es pour 100 sur cette somme de 200 millions, prix d’acquisition.

Le revenu des chemins de l’état en 1853 avait donné 7,429,565 florins ; les frais d’exploitation s’élevaient à 5,258,930 fl. Dès le premier exercice de la nouvelle compagnie, les revenus ont atteint le chiffre de 12,390,603 florins. Les frais n’ont plus été que de 52-72 pour 100. Aussi a-t-on pu distribuer aux actionnaires 32 fr. pour cette première année. Si l’on réfléchit que ce revenu correspond au simple versement de 150 fr. par action effectué dans cette période,

  1. Cette concession a été, dans la Revue des Deux Mondes du 1er mars 1855, l’occasion d’un travail où les avantages matériels et politiques de l’extension des chemins de fer hongrois étaient mis dans tout leur jour. Je me suis borné à reproduire en quelques mots les points principaux du traité passé entre le gouvernement et la compagnie. Je noterai toutefois un résultat qui n’avait point été prévu, et qui confirme les espérances exprimées dans la Revue, loin de les contredire. Les lignes de Bohème paraissaient l’an dernier l’objet principal de la concession, les lignes de Hongrie en étaient la partie éventuelle : or, dès la première année de l’exploitation, ce sont celles-ci qui ont donné les produits les plus élevés.