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nouvelles mesures pour que la réforme territoriale produisît toutes ses conséquences. Depuis longtemps, le gouvernement autrichien s’est préoccupé de l’état de la propriété ; depuis plus d’un siècle déjà, il a tenté plusieurs essais pour favoriser entre la grande et la petite propriété le développement de la propriété intermédiaire, et activer ainsi la formation de cette classe moyenne qui est la véritable force des nations civilisées. C’est dans cette intention qu’avaient été fondées des colonies allemandes en Galicie, sur les frontières russes et dans le nord de la Hongrie. La réforme de 1848 opéra sur tous les points de l’empire ce qui n’avait été tenté que partiellement. Partout en effet le paysan cherche à devenir propriétaire du sol, et si la concurrence locale faisait défaut, on pourrait compter sur une véritable émigration de l’Allemagne du nord. On remarque en effet que cette classe dite des jeunes fils, trop pauvres pour acquérir des propriétés grevées encore de prescriptions féodales, trop riches pour rester ouvriers, fournit de moins nombreux élémens à l’émigration lointaine, ou se hâte de revenir en Europe, et on espère avec raison diriger vers l’Allemagne du sud ce courant de petits capitaux et de travailleurs si utiles à l’agriculture.

Deux autres résultats importans, quoique secondaires, ont aussi suivi la réforme de la propriété. Le cours du papier-monnaie a été relevé par le besoin d’argent, devenu subitement plus vif, et le prix des terres a augmenté aussi bien que le taux des fermages et des salaires. Dans l’état des finances autrichiennes, avec une masse de propriétés aussi considérable que celles des domaines, ce sont là deux améliorations qu’il importe de continuer et d’étendre, et l’on comprend facilement le prix qui doit s’attacher à la création d’un établissement de crédit destiné à venir au secours de la propriété.

Cet établissement est la banque hypothécaire, dont les statuts sont approuvés, et qui doit fonctionner à partir du 1er juillet 1856. Fondée au capital de 40 millions de florins, ce n’est, à vrai, dire qu’une division de la banque nationale, puisque c’est celle-ci qui a fourni ce capital au moyen de sa dernière émission d’actions. La banque hypothécaire est autorisée à prêter d’une part à la propriété sur hypothèque, et d’autre part à emprunter sur ses propres obligations. Aucune limite ne lui est fixée quant à l’intérêt du prêt, à la durée, ni même à la quotité par rapport à la valeur des biens engagés. Seulement, au-delà de la première moitié de cette valeur, elle ne peut prêter que sur première hypothèque. Les statuts ont armé en revanche l’administration de la banque hypothécaire des droits les plus étendus pour assurer le remboursement de ses créances. Si par exemple le débiteur n’a pas acquitté dans le délai voulu les intérêts de sa dette, les impôts dus à l’état,s’il est tombé en faillite, si la propriété engagée a diminué de valeur, la banque a le droit de