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À moins de nouveaux événemens, et si cette nouvelle dette peut être bientôt liquidée, la banque nationale sera donc prochainement en meilleure situation vis-à-vis de l’état, et elle se trouvera en mesure de rendre de plus importans services au commerce. Il est juste pourtant de reconnaître tous les efforts que la banque a déjà faits en sa faveur : c’est ainsi que douze succursales ont été établies dans les principales villes de l’empire ; il est encore question d’en créer d’autres, et le nombre en doit être porté à seize ou dix sept. Il faut remarquer aussi que grâce au cours forcé des billets et délivrée de la crainte de voir le numéraire émigrer sur les marchés étrangers, la banque a pu maintenir le taux de ses prêts et de ses escomptes à 4 pour 100. Cette persistance à conserver le taux de 4 pour 100, lorsque partout ailleurs l’intérêt et l’escompte des effets de commerce étaient beaucoup plus élevés, a été vivement blâmée. On a reproché à la banque de favoriser certaines spéculations sur la différence de l’intérêt de l’argent emprunté à ses caisses et de l’intérêt de ce même argent prêté à la bourse ou ailleurs ; on a prétendu aussi que le commerce aurait eu plus de bénéfices à obtenir des escomptes à un prix supérieur, pourvu qu’il put en obtenir davantage. Il y a du vrai dans ces reproches, et les comptes-rendus mensuels de la situation de la banque, desquels il ressorti que le chiffre des prêts sur papier d’état égale, s’il ne l’excède pas, le chiffre des valeurs commerciales escomptées, révèlent une situation à coup sûr très anormale, et prouvent que la banque a délaissé les opérations les plus conformes à la nature de son institution. Il ne faut pas oublier cependant que le gouvernement venait d’émettre un emprunt national dont le poids était lourd, et que la banque, pour le soutenir, ne pouvait restreindre la somme des avances à faire sur le dépôt des titres de cet emprunt. L’état avait en outre remboursé les propriétaires féodaux en obligations, dont ils ne pouvaient se dispenser de faire argent comptant pour substituer le travail salarié aux corvées abolies, et la banque seule était en mesure de prêter sur ces obligations. Soutenir le cours de ces valeurs et celui de la rente semblait donc une nécessité d’état à laquelle il fallut pourvoir avant même de subvenir aux besoins du commerce ; de là la quotité des sommes consacrées aux prêts et le maintien de l’intérêt à 4 pour 100. Mais ce qui, dans la situation de la banque nationale comme dans l’état général des finances autrichiennes, mérite de fixer plus partie entièrement l’attention, c’est la prolongation du cours forcé du billet de banque. Qu’on doive en désirer la fin, nul doute à cet égard. Qu’on puisse l’espérer prochainement, c’est ce qui donne matière à plus d’hésitations. Les derniers comptes-rendus de la banque montrent une progression assez soutenue dans le chiffre de l’encaisse métallique ; mais il y a entre cet encaisse et le chiffre des billets émis une