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L'AUTRICHE


SES FINANCES


ET SES GRANDES ENTREPRISES D'INDUSTRIE





I. Die nette Gestlaltung der Geld-und Credit-Verhœltnisse in Œsterreich, Vienne 1855. — II. Ueber die Herstellung des Gleiehgewiehtes im OEsterreichischen Slaatishaushalt, par Sylvester, Vienne 1856.





Le travail de rénovation qui s’opère en Autriche est à coup sûr un des spectacles les plus intéressans qu’il soit donné de contempler. Par son origine, par sa marche, par son succès, la transformation sociale qui a fait tout d’un coup, de l’un des pays de l’Europe où le système féodal semblait devoir résister le plus aux envahissemens de l’esprit moderne, une terre d’égalité civile absolue et incontestée, ne manquera certes pas de se présenter comme un des phénomènes les plus curieux de l’histoire de ce siècle. Venue après les événemens de 1848, l’abolition de la féodalité en Autriche n’a point été, comme cela s’est vu ailleurs, la conquête plus ou moins disputée, le résultat chèrement acheté de luttes sociales ; ce n’est pas à la révolution qu’elle est due : ce serait, si l’on pouvait ainsi parler, à la contre-révolution. Elle est en effet le fruit de la réaction qui a ramené dans sa capitale, un moment soulevée, la monarchie plus jeune, plus vivace et plus forte que lorsqu’elle l’avait quittée. Ce n’est pas à une démocratie menaçante que l’égalité des droits civils a été concédée par une royauté chancelante : c’est un pouvoir victorieux qui l’a octroyée à des factions vaincues ; c’est pour briser dans les mains de l’aristocratie polonaise ou hongroise une arme redoutable que le gouvernement autrichien a fait l’œuvre même de Kossuth, en accordant à toutes les races qui peuplent son empire l’égalité civile,