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LES DEUX FEMMES
D’ISMAÏL-BEY

RÉCITS TURCO-ASIATIQUES


IV.

Dans la maison habitée par Fatma et Anifé à Saframbolo[1], vivait un neveu du kadi que l’on avait pris l’habitude de traiter comme un enfant, bien qu’il eût atteint sa dix-septième année. Osman était un Turc de la nouvelle génération, cachant sous des dehors un peu railleurs un caractère doux et bienveillant. Lorsqu’Anifé était venue s’établir à Saframbolo, ce jeune homme avait paru rechercher la société de sa cousine ; mais, depuis les couches malheureuses de la femme d’Ismaïl, on ne le voyait plus dans le harem. Prétextant une violente passion pour la chasse, Osman passait souvent des semaines entières à parcourir les montagnes et les vallées voisines de la petite ville. Un matin cependant (c’était le surlendemain du jour où Anifé avait cru devoir confier à Selim ses soupçons sur Maleka), Osman entra chez sa cousine, tout haletant de joie. — Trouvé ! trouvé ! s’écria-t-il en jetant son fez au plafond.

— Trouvé ! qui donc as-tu trouvé ? demanda Anifé, qui se sentait gagnée par l’émotion d’Osman.

— Qui donc, si ce n’est ton enfant ! reprit Osman.

  1. Voyez la livraison du 1er juillet.