Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 4.djvu/214

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


Séparateur


30 juin 1856

Dans cette éclipse de grandes affaires qui a succédé tout à coup aux fortes émotions des derniers temps, le regard cherche les points où se manifeste encore quelque symptôme politique dans la vie générale de l’Europe : il trouve des difficultés inévitables en Orient, des situations peut-être mal apaisées en Italie, une certaine attitude d’expectative partout ; à travers ces indécisions qui sont en quelque sorte l’héritage de la guerre, il aperçoit surtout une question, celle des différends entre l’Angleterre et les États-Unis, qui aurait pu donner naissance à un nouveau conflit, qui semble entrer aujourd’hui dans une voie de conciliation, et qui intéresse toutes les relations de l’ancien continent et de l’Amérique. C’est là, peut-on dire, le résumé de la situation actuelle. L’Orient ressentira longtemps sans doute le contre-coup de l’ébranlement qui lui a été communiqué par la dernière lutte ; il le ressentira non-seulement parce qu’il a été le théâtre de la guerre ou tout au moins le lieu de passage d’armées immenses mais encore parce que les réformes intérieures dont la paix doit être le point de départ ne peuvent s’accomplir que lentement, laborieusement, au prix d’efforts obstinés. Toutes les passions, tous les fanatismes sont en présence ; ils se heurteront plus d’une fois avant que ces réformes soient une réalité et que l’Orient se renouvelle. Ce n’est point cependant un motif pour ajouter à la vérité des faits, ou pour dénaturer les incidens de cette crise que traverse l’empire ottoman. Qu’un officier tunisien tue brutalement un matelot grec, que la population musulmane, ainsi que cela est arrivé à Naplouse, s’ameute contre un missionnaire anglais qui paraît lui-même avoir pris trop aisément les façons turques, que des faits semblables se produisent de divers côtés, cela peut prouver qu’un ordre régulier ne se substitue pas instantanément à un arbitraire, à des haines, à des violences séculaires. Le gouvernement turc y met de la bonne volonté, il n’est pas toujours maître chez lui : c’est