l’application générale, source assurée d’avantages mutuels, et pour nous et pour ceux qui seront assez sages pour agir comme nous. »
Pendant que Peel parlait, au moment où il exprimait son assentiment au principe général de la liberté du commerce, un vif mouvement d’approbation s’éleva dans la chambre ; il s’interrompit : « Je comprends, dit-il, ce mouvement ; je ne veux pas engager en ce moment une discussion sur la loi des grains, mais je soutiens, et j’en ai plus d’une fois donné les raisons, qu’il y a là une exception à la règle générale. Je sais que ces messieurs de l’opposition se plaindront des limites dans lesquelles, pour cette importante matière, j’ai renfermé l’application du principe de la liberté. Je persiste à croire qu’il serait inopportun d’aller aussi loin qu’on voudrait me pousser. Si j’apportais dans la loi des grains des changemens plus étendus que ceux que j’ai naguère soumis à la chambre, je ne ferais qu’accroître les souffrances et les alarmes du pays. Nous avons fait, je pense, tout ce que comportent, dans les circonstances actuelles, de si graves intérêts. »
Il avait en effet, dès les premiers jours de la session, abordé cette difficile matière et proposé, dans la législation des céréales, les seules réformes qu’il eût alors dessein d’y apporter. Elles étaient, à vrai dire, peu considérables ; il maintint le système de l’échelle mobile des droits à l’importation des grains étrangers, en le modifiant dans un sens libéral, soit par le changement des bases d’après lesquelles devaient être fixées les moyennes des prix, soit par l’abaissement de la protection accordée, sur les divers degrés de l’échelle, aux blés indigènes. Le maximum de la protection, qui était de 27 shellings spar quarter, quand le blé indigène était au-dessous de 60 shellings le quarter, fut réduit à 20 shellings, et seulement quand le blé était au-dessous de 51 shellings. Ces modifications ne satisfaisaient aucun des partis opposans ; les whigs, par l’organe de lord John Russell, proposèrent la substitution d’un droit fixe de 8 shellings par quarter à l’échelle mobile ; M. Villiers, M. Cobden et les radicaux réclamèrent la complète abolition de tout droit sur les grains ; M. Christopher, au nom des partisans ardens de la protection, demanda qu’à tous les degrés de l’échelle mobile les droits fussent plus élevés. Sir Robert Peel fit rejeter, après de longs débats, toutes ces propositions, et maintint fermement celle du cabinet, sans confiance passionnée, sans illusion, sans charlatanisme, offrant son plan comme la transaction la plus équitable entre les intérêts en présence, mais ne s’en promettant et n’en promettant à personne ni la conciliation définitive de ces intérêts, ni la cessation de la détresse des classes ouvrières dans certaines parties du pays. « Je me fais un devoir, dit-il en commençant, de déclarer qu’après avoir consacré à cette question toute