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MM. Lewald, Siebold, Wagener[1], van Bénéden, Leucfcart, etc., ont répété et étendu les expériences de M. Küchenmeister, et, grâce à l’ensemble de ces travaux, nous pouvons aujourd’hui tracer, sinon l’histoire particulière de chaque espèce, du moins l’histoire générale de ces êtres, naguère encore si mystérieux.

Parlons d’abord des trématodes, et prenons pour exemple quelqu’une de ces espèces voisines du monostome changeant ou du distome militaire[2], qui ont été l’objet des études de MM. de Siebold et van Bénéden. — La description générale des trématodes, que nous avons donnée tout à l’heure, suffit pour qu’on ait une idée de ces animaux ; on peut se les figurer comme de petites sangsues, vivant à l’intérieur de certains mollusques d’eau douce. Or, dans le corps même de ces helminthes, on trouve des centaines d’œufs dont le vitellus a déjà subi ses premières transformations, et est devenu une larve ciliée. Celle-ci quitte ses enveloppes, nage quelque temps à l’état de liberté, et arrive dans le corps d’un mollusque. Là, elle se fixe, semble se décomposer, et laisse à sa place un très petit corps ovoïde qui a germé dans son intérieur. Ce corps, considéré comme un parasite nécessaire par les auteurs allemands, comme un organe énigmatique par M. Dujardin, grandit, s’allonge, et acquiert en arrière deux appendices latéraux. C’est la le sporocyste de Baër. À son appareil digestif bien caractérisé, pourvu d’un oesophage musculeux et d’un intestin bifurqué, à ses mouvemens de reptation, il est impossible de ne pas le reconnaître pour un animal. Cet animal n’a pas d’organe reproducteur ; en revanche, toute la surface interne de son corps est susceptible de produire des germes. Ceux-ci tombent dans la cavité générale à l’intérieur de laquelle ils ont pris naissance, se développent, et deviennent tantôt des sporocystes semblables au premier et tantôt des cercaires.

Les cercaires, longtemps prises pour des infusoires, ressemblent à de petits têtards, au corps ovale, armé d’une longue queue servant à la natation. Chez elles, l’organisation se complique et tend à se compléter. À un tube digestif, dont la forme rappelle déjà celle du futur distome, viennent s’ajouter des organes sécréteurs, des crochets, etc., mais on ne trouve encore aucune trace d’appareil reproducteur, Quand elles ont pris tout leur accroissement, les cercaires rompent les parois du sporocyste où elles sont nées et se répandent dans l’eau, où elles vivent quelque temps à la façon des infusoires. Puis vient pour elles le temps de la métamorphose. Elles s’attachent alors à quelque mollusque, pénètrent dans son intérieur, perdent leur queue et s’enkistent à peu près comme les stratiomes, dont nous

  1. Die Entwicklung der Cestoden nach eigenen Untersuchungen, 1854.
  2. Les distomes et les monostomes sont des genres appartenant à l’ordre des trématodes.