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produisent à la fois de nouveaux corps semblables à eux-mêmes et des germes qui se développent en cercaires, animaux ayant à peu près la forme de têtards, pouvant vivre librement dans l’eau, mais toujours également neutres. Ces cercaires sont les parasites nécessaires des sporocystes. Après s’être développés à l’intérieur de ces derniers, les cercaires en rompent les parois, s’enkistent à peu près comme les insectes diptères dont nous avons parlé dans un chapitre précédent, et terminent leur courte existence dans la prison dont elles se sont entourées. — D’après cette façon d’interpréter les faits observés, un animal sans sexe, venu on ne sait d’où, produisait par gemmation à la fois des êtres semblables à lui et des êtres d’une nature toute différente, lesquels ne se seraient jamais propagés directement. — Il est inutile de faire ressortir ce qu’avaient de vague et d’évidemment incomplet de semblables notions.

Par sa théorie de la génération alternante, Steenstrup porta le flambeau au milieu de ces ténèbres, qui semblaient s’épaissir par suite même des efforts tentés pour les dissiper. Fort des recherches de ses devanciers et des siennes propres, il rangea franchement les distomes, helminthes du groupe des trématodes, à côté des corynes et des méduses sous le rapport du mode de reproduction. Le savant danois montra, dans les corps étranges qu’on désignait sous le nom de sporocystes, de véritables nourrices de trématodes, dans les cercaires les larves de ces mêmes trématodes. À partir de ce moment, l’histoire de ce groupe commença à s’éclaircir. En 1850, M. van Bénéden fit imprimer un mémoire fort important dans lequel, en s’appuyant sur l’observation directe, il annonçait que les vers cystiques ne sont autre chose que des scolex de cestoïdes[1]. Peu après, M. Kiichenmeister publia ses premières expériences, et démontra expérimentalement ce fait si important et si nouveau. En 1853, ces deux auteurs, répondant à l’appel de l’Académie des Sciences, complétèrent leurs recherches précédentes en conservant chacun son point de vue particulier, et sur bien des points essentiels ils se confirmèrent l’un l’autre. En outre, M. van Bénéden aborda l’étude des trématodes et de quelques autres groupes. Depuis cette époque, de nouveaux faits se sont produits. MM. Gastaldi[2], Filippi[3], Siebold[4], ont ajouté à ce que nous savions sur les distomes ;

  1. Les Vers cestoïdes ou acolyles considérés sous le rapport de leur classification, de leur anatomie et de leur développement.
  2. Cenni sopra alcuni nuovi elminti della rana esculenta, 1854.
  3. Mémoire pour servir à l’histoire génétique des trématodes dans les Mémoires de l’Académie de Turin, 1854. Ce mémoire a été reproduit dans les Annales des Sciences naturelles, quatrième série, t. II. — Deuxième mémoire sur le même sujet, 1855.
  4. Mémoire sur le Leucochloridium, 1854. — Mémoire sur la reproduction des Helminthes en général, 1854, traduit dans les Annales des sciences naturelles, 1855.