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ophiures, l’appareil digestif tout entier et d’autres organes encore chez les holothuries, n’ont à subir qu’une simple métamorphose. — Le développement des échinodermes constitue donc un véritable chaînon qui réunit ces deux ordres de faits et empêche un de ces sauts qui semblent répugner si fort à la nature[1].


center>V. - DE LA GENEAGENESE CHEZ LES HELMINTHES OU VERS INTESTINAUX : GENERATION SPONTANEE.[2]

Les animaux dont nous avons parlé jusqu’à présent ont de quoi intéresser tout d’abord l’homme du monde aussi bien que le naturaliste. Les fleurs vivantes d’un polypier, la guirlande d’une stéphanomie attirent le regard de la jeune fille comme celui du savant. Il nous faut maintenant parler d’êtres bien différens, et dont le nom seul soulève une sorte de répulsion instinctive. Que le lecteur veuille bien nous suivre pourtant ; nous lui épargnerons les détails trop

  1. Un naturaliste dont je regrette de ne pas avoir connu le travail quand j’ai commencé cette étude, M. Edouard Claparède, est arrivé, en ce qui touche les échinodermes, à une conclusion à peu près semblable à celle qu’on vient de lire, bien que nous soyons l’un et l’autre à un point de vue très différent (Bibliothèque de Genève, 1854). Je me hâte d’ajouter que les articles de l’écrivain genevois m’ont seuls appris l’existence d’un mémoire de M. Leuckart sur les métamorphoses et la génération alternante. Saurais eu à discuter ce travail en parlant de la métamorphose proprement dite et à signaler dans la manière d’envisager ce phénomène plusieurs points de rapport entre ma manière de voir et celle du naturaliste allemand. Je dois dire entre autres qu’il avait avant moi signalé l’insuffisance des matériaux assimilables comme cause immédiate de ce phénomène ; mais M. Leuckart parait regarder cette cause comme suffisant pour tout expliquer, et en cela il me semble avoir été trop absolu (Ueber Métamorphose, Ungeschlechtlige Vermehrung, Generationswechsel, 1851, Zeitschrift fur Wissenschaftliche Zoologie). Je reviendrai d’ailleurs sur ce travail de M. Leuckart.
  2. Dans sa séance du 22 mars 1852, l’Académie des Sciences avait mis au concours pour le grand prix des sciences physiques à décerner en 1853 la question suivante : « Faire connaître par des observations directes et des expériences le mode de développement des vers intestinaux et celui de leur transmission d’un animal à un autre ; appliquer à la détermination de leurs affinités naturelles les faits anatomiques et physiologiques ainsi constatés. » Les difficultés extrêmes que présentait cette question, le peu de temps accordé pour la résoudre pouvaient faire redouter l’absence de tout concurrent ; mais deux naturalistes préparés de longue main répondirent à l’appel de l’Académie. MM. van Bénéden, professeur de zoologie à l’université de Louvain, et Küchenmeister, médecin à Zittau, envoyèrent, le premier un véritable ouvrage, où l’histoire des helminthes était traitée sous presque tous ses rapports et qu’accompagnait un atlas contenant près de mille figures originales, — le second un mémoire très important également accompagné de planches. Sur un rapport très développé que nous présentâmes au nom de la commission chargée de juger ce concours, l’Académie décerna à M. van Bénéden le prix et à M. Küchenmeister une mention très honorable. Elle décida en outre que l’ouvrage de M. van Bénéden serait imprimé à ses frais ; mais l’étendue même de ce travail en a retardé la publication, et il est resté inédit jusqu’à ce jour. Voir les Comptes-rendus de l’Académie des Sciences, 1853.