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Deux ans plus tard, j’étais à Galveston, qui est le port principal du Texas. Je me présentai à l’évêque, et je lui annonçai que j’étais prêt à partager les fatigues et les travaux des missionnaires de son diocèse. L’évêque approuva ma résolution, et c’est ainsi que j’entrai dans une vie dont les souffrances obscures et les devoirs périlleux répandront peut-être quelque intérêt sur les souvenirs que je résume ici.


I. – L’ARRIVEE.

Texas est un mot indien qui signifie lieu de chasse. Borné au sud par le golfe du Mexique, à l’est par la Louisiane, au nord par la Rivière-Rouge, au nord-ouest par le Nouveau-Mexique, à l’ouest par le Rio-Grande, ce pays voit sa population s’accroître si rapidement, qu’il est impossible d’en donner un chiffre exact. On estimait en 1848 qu’il contenait 400,000 âmes, sans parler des Indiens, qui ne se sont encore laissé compter par personne. Les Mexicains sont les plus nombreux, quoi qu’en disent les faiseurs de statistiques, puis les Anglo-Américains, ensuite les Allemands ; le nombre des esclaves noirs qui travaillent dans les plantations est assez considérable. Le Texas est divisé en vingt-six comtés, dont chacun possède une capitale ; la plupart de ces vingt-six capitales mériteraient à peine le titre de village. Le Rio-Grande est navigable sur une étendue de 200 milles environ ; le Nucus, le San-Antonio, le Colorado et le Brazos ne le sont qu’à leurs embouchures. Les baies de Galveston et de Matagorda sont très poissonneuses ; dans la baie de Matagorda, on trouve des tortues lourdes de cent kilogrammes, des épées-de-mer longues de deux mètres, beaucoup de requins et beaucoup de bancs d’huîtres, qui sont excellentes. Tout le pays s’étend en longues plaines que soulèvent rarement de légères ondulations ; les prairies immenses sont coupées par les forêts qui bordent les rivières. Les arbres les plus communs sont le magnolia, le sycomore, l’ébène, certaines variétés d’acacia, de chêne et de palmier, le mesquite, l’érable à sucre, le sapin, et d’autres espèces appartenant aux pays chauds. Le coton est d’une qualité supérieure ; il est surtout cultivé sur les bords du Brazos. Le tabac de Nacogdochès est, dit-on, le meilleur des États-Unis. Partout croît le maïs, et la canne à sucre donne des produits plus beaux que dans la Louisiane.

Parmi les tribus indiennes qui habitent le nord et l’ouest du Texas, la plus farouche et la plus considérable est celle des Comanches, On estime qu’elle compte 40,000 guerriers. C’est la seule tribu qu’on ait à redouter. Les Apaches et les Navajos viennent quelquefois chasser dans le Texas, mais d’ordinaire ils se tiennent dans le Nouveau-Mexique