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que des différences à recueillir. Que serait-ce encore si l’on considérait ici le Crédit mobilier tel qu’il est et tel qu’il aime à se représenter lui-même, non comme un établissement isolé, mais comme le centre d’une confédération de grands capitalistes qui harmonisent leur action avec la sienne ? Enfin, s’il n’est pas permis de croire que le Crédit mobilier puisse opérer à coup sûr dans chaque cas particulier, il faut convenir du moins que la moyenne de ses opérations de bourse a été jusqu’ici singulièrement heureuse, puisque les différences qu’il a gagnées, sa propre comptabilité en fait foi, lui ont fourni le plus clair de ses énormes bénéfices pendant les trois premières années de son existence.


Nous venons de voir l’usage que le Crédit mobilier fait des fonds dont il a la disposition permanente, de son capital. Il a en outre temporairement la disposition des fonds qui lui sont déposés en compte courant par les grandes compagnies ; voici comment il les emploie.

Le remboursement de ces fonds étant toujours exigible à des échéances prochaines, le Crédit mobilier les a d’abord consacrés à des placemens à échéance déterminée, qui ne dépassent point une année ; ou dont le recouvrement est toujours possible dans un délai prochain. Ces sommes s’élevaient, au 31 décembre 1853, à 65,839,059 fr. : 74 cent., au 31 décembre 1854 à 64,924,379 francs 9 cent., et au 31 décembre 1855 à 103,179,308 fr. 64 cent.

En 1853, elles étaient employées ainsi : 7,268,085 fr. en bons du trésor, 13,454,475 fr. 72 cent, en bons de monnaie et autres effets, 17,112,208 fr. 60 cent, en bons de chemins de fer, 8,163,725 fr. en reports sur rentes, et 37,281,814 fr. en reports sur actions de chemins de fer. Le total de ces divers emplois dépassait de beaucoup le total des comptes courans ; cette différence résultait des derniers versemens que le Crédit mobilier venait d’appeler sur ses actions, et qui encaissés du 15 au 31 décembre » n’avaient pu encore être appliqués aux placemens fixes.

En 1854, on retrouve à peu près la parité entre la somme des comptes courans et la somme des placemens temporaires qui s’élevait à 67,353,376 fr. 6 cent., et se décomposait de la manière sui vante : bons du trésor, 22,950,281 fr. 38 cent., bons de la boulangerie et des monts-de-piété 6,171,083 fr. 31 cent. ; bons de chemins de fer, 17,179,038 fr. 20 cent. ; reports et effets en portefeuille, 21,052,973 fr. 25 cent.

En 1855, le Crédit mobilier, comme nous l’avons déjà remarqué, s’est départi de la règle prudente qu’il avait suivie jusque-là de n’appliquer les dépôts des comptes courans qu’à des placemens à échéance déterminée. Ces dépôts s’élevaient, au 31 décembre 1855,