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des responsabilités commerciales dont elles jouissent, c’est une publicité complète : les partisans les plus décidés de cette forme d’association commerciale sont unanimes à reconnaître qu’il faut que la société anonyme soit une maison de verre. Toute entreprise qui pré tendrait que ses opérations sont incompatibles avec une, complète publicité se déclarerait par ce seul fait incompatible elle-même avec la forme anonyme.

Une situation générale, résumé du bilan, et un extrait du compte de profits et pertes sont les seuls documens que publient annuellement les administrateurs du Crédit mobilier. Nous essaierons, en nous aidant des explications données par le président dans ses rapports, d’y puiser les élémens nécessaires pour présenter un aperçu des opérations de la société.


Nous n’avons jusqu’ici exposé et discuté que le programme de la société de Crédit mobilier. L’ensemble de la situation commerciale, financière et politique que le Crédit mobilier a eu à traverser depuis sa création l’a empêché de réaliser entièrement ce programme. Les mauvaises récoltes, les complications extérieures, la guerre, les emprunts qui ont absorbé une si grande masse des capitaux qui doivent en temps régulier alimenter le crédit commanditaire, ont opposé d’invincibles obstacles à l’entier développement du système. « En de telles conjonctures, disait M. Isaac Pereire dans son second rapport, la prudence était notre premier devoir, et, sans renoncer aux plans que nous avions formés, nous devions cependant, au début, ne procéder à leur réalisation qu’avec une grande réserve. Il ne faut donc pas attendre de nous l’exécution complète du programme que nous avons tracé l’année dernière ; chacune des parties de ce programme demandera peut-être pour son accomplissement plusieurs années d’efforts ; heureusement le cercle en est assez étendu pour qu’à tout moment et dans toutes les circonstances notre action puisse trouver utilement à s’exercer. »

Rappelons d’abord les ressources avec lesquelles la société a pu opérer pendant les trois exercices qu’elle a parcourus depuis sa fondation. Ces ressources résultent du capital et des comptes courans.

Créée à la fin de novembre 1852, la société de Crédit mobilier n’avait appelé d’abord que la moitié de son capital, 30 millions ; mais dès le mois de juin 1853 les sommes reçues par elle en compte courant avaient atteint la limite fixée par les statuts, le double du capital réalisé, 60 millions. Le développement de ses comptes courans l’avait obligée de retirer de la circulation une première série d’obligations à courte échéance qu’elle y avait lancée en essai : le