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première classe, les titres de rente et les obligations, auxquelles est attaché un revenu fixe, sont dans leurs variations moins dominées que les autres par des influences particulières. Il n’y a pas pour ces valeurs de variations possibles dans le revenu. Les variations du capital qu’elles représentent dépendent donc principalement des causes générales que nous avons indiquées plus haut, et qui résultent de l’ensemble de la situation politique et financière. Cependant, quoique moins nombreuses, il y a des circonstances particulières inhérentes à leur nature qui peuvent influer aussi sur leurs variations : l’accroissement ou la diminution des revenus publics, l’émission d’un nouvel emprunt, affectent le cours des rentes ; de même la valeur des obligations d’une compagnie peut varier suivant que le revenu de ces obligations est garanti ou non par l’état, suivant le degré de prospérité de l’entreprise, suivant que la compagnie devra ou ne devra pas recourir à de nouveaux emprunts. Les valeurs de la seconde classe, les actions, sont naturellement beaucoup plus sensibles aux influences qui résultent de leur condition particulière. Leur revenu étant variable, les variations probables de ce revenu réagissent constamment sur celles du capital, sur les variations de leurs prix. S’il s’agit d’institutions de crédit, comme la Banque ou le Comptoir d’escompte, les publications mensuelles de leurs bilans, qui tiennent le public au courant de leurs affaires, permettent de pressentir, d’après le mouvement de leur situation, le chiffre de leurs bénéfices et d’estimer sur cette base la valeur de leurs actions ; s’il s’agit du Crédit mobilier, on peut supputer l’importance de ses profits présumés et le prix de ses actions d’après les affaires qu’il a commanditées ou qu’il est en train de préparer ; s’il s’agit d’un chemin de fer, la progression de ses recettes hebdomadaires, la comparaison de ces recettes avec celles des années précédentes, servent à établir, d’après le dividende probable que présagent les produits bruts, la valeur de l’action. Si une compagnie de chemin de fer sollicite des concessions nouvelles, si elle doit faire des appels de fonds, si elle est prête à s’unir par une fusion à’ d’autres compagnies, il y a la encore des élémens variables qui se font également sentir dans le prix de l’action. Ces exemples suffisent pour donner une idée des influences particulières qui, au-dessous de l’influence générale de la situation politique et financière, agissent sur les prix des valeurs.

Nous n’avons jusqu’à présent parlé que des influences naturelles, c’est-à-dire de celles qui naissent des choses et de leurs rapports réciproques. Nous arrivons aux influences artificielles, à celles que l’action personnelle des hommes qui se livrent au commerce des valeurs peut y exercer. Le problème du trafic des valeurs est le même que celui des autres trafics ; il se réduit à la vieille formule :