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toute cette période, dont l’histoire est la sienne C’est lui qui, dans l’entrevue d’Abo, en 1812, avait juré foi et hommage entre les mains d’Alexandre, et qui lui avait engagé pour toujours, disait-il, les armes et les vœux de la Suède, sauf à laisser ensuite par testament aux Suédois et à son fils les conseils que nous rappelions tout à l’heure.

Tout autre est la période nouvelle à laquelle le roi Oscar aura donné son nom.

Dès le règne de son père, le prince avait paru disposé de grand cœur à entrer dans une voie nouvelle. On l’avait vu, dès cette époque, presser activement les travaux de fortification contre la Russie. Un jour de février 1838, comme il venait de commander quatre-vingts mortiers à la Paixhans pour armer Waxholm du côté de la mer, il apprit que l’entrepreneur avait de nombreux engagemens pour la Norvège. « Si c’est, dit-il, contre les Russes que les Norvégiens demandent des canons, il faut leur assurer qu’ils peuvent être sans inquiétude, car c’est sur notre corps qu’il faudra qu’on passe pour arriver jusqu’à eux. » L’avènement du prince au trône, au commencement de mars 1844, rompit plusieurs des liens qui retenaient encore le cabinet de Stockholm attaché à celui de Saint-Pétersbourg. Personnellement, le nouveau roi n’avait jamais eu de rapports particuliers avec le tsar, car on peut sans doute ne pas tenir compte d’un voyage à Saint-Pétersbourg en juillet 1830, qui toutefois fut remarqué. Surtout le roi Oscar n’avait accepté aucun engagement semblable à ceux que son père avait contractés. En second lieu, l’alliance de la Russie ne devait plus lui paraître désirable aux mêmes titres. Qu’il eût commis ou non des erreurs ou bien des fautes, Charles-Jean, cela est certain, avait solidement affermi la couronne sur la tête de son fils. Le nouvel avènement, depuis longtemps prévu, ne rencontra aucune pensée de résistance. L’ex-roi Gustave était mort en février 1837, et cette nouvelle n’avait pas causé en Suède la moindre sensation. Le prince Vasa, qui, dès 1842, avait fait remettre par le prince Metternich une protestation contre l’ouverture des fameuses caisses contenant les papiers de Gustave III à Upsal[1], en envoya une, cette fois encore, aux principales cours de l’Europe. Le roi Oscar y répondit en abolissant la loi qui portait peine de mort contre quiconque aurait des relations écrites ou verbales avec la famille proscrite. L’opinion publique ne s’en occupa plus désormais[2]. D’ailleurs, dans le nombre des ruines

  1. Voyez nos Notices et Extraits des manuscrits concernant l’histoire ou la littérature de la France qui sont conservés dans les bibliothèques ou archives de Suède, Norvège et Danemark. Paris, 1855-56, chez Durand.
  2. Le fils de Gustave IV est aujourd’hui feld-maréchal au service de l’Autriche et sans héritier mâle.